« A Roof for silence » à l’abbaye de Jumièges

A Roof for silence est une traversée spirituelle. Installée dans les ruines de l’abbaye de Jumièges, cette œuvre de Hala Wardé est telle un refuge pour celles et ceux qui ont perdu leur toit. À découvrir jusqu’au 9 novembre.

L’écho à la tragédie du 4 août 2020 — l’explosion dans le port de Beyrouth au Liban — s’entend dans A Roof for silence. Dans la nef de l’abbaye de Jumièges, une longue ligne, dessinée par des éclats de verre, est une traversée de la vie. Là, pas de silence, mais la voix de Mika, entrecoupée de bris de glace saisissants. Le chanteur récite le poème, Night, d’Etel Adnan, sur la musique industrielle de Soundwalk Collective. Ces Métamorphoses, avec également du verre soufflé, symboles du vide, permet une immersion dans l’œuvre protéiforme de Hala Wardé.

Ce chemin amène jusqu’au centre du chœur, autre référence aux écrits d’Etel Adnan, Au cœur du cœur d’un autre pays. Une coupole, installée dans le sol, devient un miroir du ciel où reflètent la lumière du jour, la végétation du parc et les pierres de l’abbaye. Elle est entourée d’un premier cercle de sept céramiques créées à partir d’Olivéa : Hommage à la déesse de l’olivier, un poème-en-peinture d’Etel Adnan, d’un second de sept photographies d’oliviers millénaires, prises par Fouad Elkoury. « Ce sont les héritiers des ancêtres qui ont fait ce que nous sommes », remarque Hala Wardé. Ces arbres d’une circonférence imposante, avec des troncs évidés par le temps, deviennent eux aussi des refuges et des traces d’un passé.

Hala Wardé, artiste libanaise, présente une variation de A Roof for silence, une installation présentée à la Biennale d’architecture de Venise en 2021 et au palais de Tokyo. « L’abbaye appelle un défi. Pour une exposition en extérieur, s’ajoute la complexité des éléments. Cette œuvre fragile ne pouvait pas supporter la lumière. Il a fallu réinventer l’ensemble de la pièce ». 

Lors de sa visite à Jumièges pour découvrir le logis abbatial, Hala Wardé s’est arrêtée « net » sous les ruines. « Ce fut un choc, une émotion rare. Comme celle ressentie lorsque deux étrangers se rencontrent pour la première fois et ont un coup de foudre l’un pour l’autre. Cette nef m’a transpercé le corps et l’esprit ». L’artiste révèle d’une autre manière la beauté et la force de l’abbaye. Elle y crée un lieu poétique, empreint de spiritualité, pour questionner le vide et le silence.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 6 novembre à l’abbaye de Jumièges
  • Ouverture tous les jours jusqu’au 15 septembre de 9h30 à 18h30, du 16 septembre au 6 novembre de 9h30 à 13 heures et de 14h30 à 17h30
  • Tarifs : de 7,50 à 5,50 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires de minima sociaux et les personnes en situation de handicap
  • Renseignements au 02 35 37 24 02 ou sur www.abbayedejumieges.fr