Une saison “Cœur à cœur” à l’Opéra de Rouen Normandie

photo : Jean-Louis Fernandez

Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, a souhaité cette nouvelle saison 2022-2023 Cœur à cœur. Comme pour rappeler le lien tissé par la musique. Une cinquantaine de propositions artistiques, dont quelques reports, composent cette programmation qui traverse plusieurs siècles.

C’est devenu un rituel. La saison de l’Opéra de Rouen Normandie commence par une production lyrique avec une représentation diffusée gratuitement en extérieur et dans diverses salles en Normandie. Premier rendez-vous à partir du 22 septembre avec Rigoletto, l’histoire du Bouffon du duc de Mantoue voulant se venger des hommes de la cour qui ont abusé de sa fille, Gilda. Or, ses plans ne vont pas se dérouler comme il l’avait imaginé. L’opéra de Verdi, dirigé par Ben Glassberg, directeur artistique, est mis en scène par Richard Brunel, directeur de l’Opéra national de Lyon, venu à Rouen pour créer un Albert Herring de Britten.

Dans cette nouvelle saison 2022-2023, Loïc Lachenal ajoute Le Voyage dans la lune d’Offenbach, Einstein on the Beach de Philipp Glass, une œuvre rare, avec Suzanne Vega comme narratrice, La Clémence de Titus de Mozart, dans une version concert enregistré à la fin de l’année 2020 pendant un confinement, Le Songe d’une nuit d’été de Britten avec la reprise de la mise en scène de Robert Carsen, Serse de Haendel, le spectacle reporté du duo Clarac et Delœil, The Convert de Henderickx, une épopée qui a Rouen comme point de départ. Pour terminer : Éric Ruf, à la tête de la Comédie-Française, met en scène Roméo et Juliette de Gounot, dirigé par Pierre Dumoussaud. Cendrillon ou Le Grand Hôtel des songes de Rossini sera le prochain opéra participatif.

Des vibrations

Pour cette nouvelle saison, Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, a privilégié les créations. « Nous ne pouvons pas tout sauver. Les reports causent des embouteillages. Des projets, pensés il y a plus de trois ans, se sont montés ces dernières années. Aucune des maisons n’est restée à l’arrêt. Les différentes captations l’ont démontré. Nous avons toujours produit et cherché à accompagner les productions en cours et maintenir les engagements ».

Il y aura de l’amour, des joies, des drames, des espoirs lors de cette saison qui a pour titre Cœur à cœur. « Nous n’entendons pas seulement grâce aux oreilles. Quand on écoute de la musique, le cœur entre en résonance avec celui des artistes, de la salle… C’est tout ce qui nous a manqué pendant tous ces mois. La vibration collective, le contact charnel avec le son et les émotions se ressentent uniquement dans les salles ».

C’est une récurrence dans la programmation du directeur de l’Opéra de Rouen Normandie : traverser les siècles, les répertoires, les esthétiques… L’orchestre interprète des œuvres allant de Haendel à Xenakis en faisant un détour par Mozart, Mendelssohn, Schumann, Tchaïkovsky, Rachmaninov, Mahler…

Une fidélité

Loïc Lachenal est également un homme fidèle. Il accueille à nouveau Alexandre Tharaud avec un programme cinématographique, Le Poème harmonique et un Amant de Saint-Jean, Karine Deshayes avec l’ensemble Contraste, les Miroirs étendus, Correspondances de Sébastien Daucé avec la cantate Membra Jesu Nostri de Buxtehude. Lea Desandre revient avec l’ensemble Jupiter de Thomas Dunford et deux programmes consacrés, pour l’un, à Bach, pour le second, à Haendel. Pas de saison sans B’Rock, un Stabat Mater de Pergolesi, et une soirée empreinte de mélancolie avec des pièces de Dowland, Britten, Purcell, Muffat et Hindemith.

Autre retour : Jordi Savall sera à la chapelle Corneille pour jouer avec le Concert des Nations la bande originale du film d’Alain Corneau, Tous Les Matins du monde. Angelin Preljocaj fera découvrir Mythologies sur une musique de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk. Anne Teresa de Keersmaeker s’est inspirée des Variations Goldberg de Bach pour un solo, des images de Thierry de Mey pour Danser Ravel et Debussy. À noter aussi la venue de l’audacieux Sidi Larbi Cherkaoui et le Ballet du Grand Théâtre de Genève avec deux pièces, Faun et Noetic.

Pour les enfants, l’opéra fait son Big Bang lors d’un week-end de concerts, de spectacles et d’ateliers. Le chef et compositeur, Marc-Olivier Dupin retrouve le dessinateur Joan Sfar et le narrateur Benoît Marchand dans cette création, Le Chat du Rabbin, un animal très espiègle qui s’interroge sur tous les sujets existentialistes. Le Quatuor Alfama narre la vie de Fanny Mendelssohn, la sœur de Felix, le compositeur très connu qui préférait, comme son père, voir cette jeune fille dans des rôles plus conventionnels.

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