« Rigoletto » ouvre la saison de l’Opéra de Rouen Normandie

photo : Jean-Louis Fernandez

Avec Le Trouvère et La Traviata, Rigoletto forme la trilogie populaire de Verdi. L’Opéra de Rouen Normandie commence jeudi 22 septembre sa saison avec cette œuvre flamboyante mise en scène par Richard Brunel et dirigée par Ben Glassberg. En tout, cinq représentations jusqu’au 1er octobre dont une retransmise gratuitement en divers lieux de la Normandie.

En se moquant du malheur du comte Monterone, Rigoletto est maudit et envoie sa fille, Gilda, vers l’Au-Delà. Le bouffon sarcastique, un homme difforme, doit faire face aux comportements légers de son maître, le duc de Mantoue, éternel dragueur. Depuis la mort de sa femme, il veut préserver sa fille de tout mauvais contact avec le monde extérieur. Or le duc va réussir à séduire la jeune femme après s’être introduit chez Rigoletto et à l’emmener chez lui avec la complicité de ses courtisans. Le père est doublement meurtri quand il constate la disparition de Gilda et la retrouve chez son maître. Alors il décide de se venger : tuer le duc de Mantoue. Gilda se sacrifie et c’est elle qui sera assassinée. La malédiction est accomplie.

C’est l’histoire de Rigoletto, un opéra créé à Venise en 1851. Ce drame de Verdi (1813-1901) lance la saison de l’Opéra de Rouen Normandie. Il a été confié à Richard Brunel, directeur de l’Opéra national de Lyon qui a monté Le Trouvère et La Traviata. « Cette expérience m’a aidé. Chez Verdi, il y a une action avec beaucoup de chœur et des personnages principaux qui ont une trajectoire intime. Pour ce Rigoletto, j’ai davantage osé en terme de transposition ». 

Des tubes

Le metteur en scène emmène l’œuvre de Verdi dans l’univers de la danse. « Un ballet est une micro société avec une hiérarchie sociale très stricte. Le duc est le maître de ce ballet et Rigoletto, infirme, tient ce rôle de second après un accident. Il y a l’idée de vengeance ». Richard Brunel ne fait pas de ces personnages des caricatures. « Ils ne sont pas univoques. Il n’y a rien de plus ridicule que les clichés. Il a été important de travailler sur la complexité, les hésitations, les doutes. L’enjeu a été de rendre limpide la complexité ».

Le duc de Mantoue, interprété par Pene Pati, n’est pas seulement cet homme libertin et hédoniste, Rigoletto (Sergio Vitale), un père meurtri avec « un côté joueur et un humour acide ». Sans oublier Gilda (Rosa Feola). « Elle n’est pas seulement une victime. Elle veut prendre son destin en mains, vivre et être amoureuse ». Entre le père et la fille, Richard Brunel fait apparaître la mère « comme un fantôme. Elle a un rôle dans ce trio. Je pense que les morts ont un rôle à jouer quand nous acceptons qu’ils nous appartiennent. Quand j’ai commencé à travailler sur Rigoletto, j’ai pensé à La Chambre verte, un film de Truffaut dans lequel un homme ne fait pas le deuil de sa femme. Il y a une obsession, une passion ». Agnès Letestu, ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris, donne corps à cette femme disparue et aimée.

Ben Glassberg dirige l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie dans ce Rigoletto, une œuvre « avec des airs très connus, entre le bel canto et une musique un peu wagnérienne. J’entends également beaucoup de Donizetti. Il y a aussi l’idée d’une ligne dramatique qui ne s’arrête jamais. Verdi réussit à construire un lien très étroit entre le texte et la musique. Ce qui amène à faire des choix spécifiques. En fait, il ne faut pas penser à la technique ». Verdi a composé des duos émouvants et de tubes dont le célèbre La donna è mobile, chanté par le duc de Mantoue.

Infos pratiques

  • Jeudi 22 septembre à 20 heures, samedi 24 septembre à 18 heures, mardi 27 septembre à 20 heures, jeudi 29 septembre à 20 heures, samedi 1er octobre à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen
  • Durée : 2h40
  • Tarifs : de 68 à 10 €
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Avant la représentation : présentation de l’œuvre une heure avant le spectacle

Retransmission de Rigoletto de Verdi

Samedi 24 septembre à 18 heures