Une grève à l’opéra pour la revalorisation des bas salaires

La détérioration des conditions de travail et la hausse des bas salaires : ce sont les deux principales revendications portées vendredi 4 novembre par une partie du personnel de l’Opéra de Rouen Normandie devant le Théâtre des Arts. Cette journée de grève est la première action d’une série à venir.

Elle est salariée de l’Opéra de Rouen Normandie depuis vingt-cinq ans. Pour la première fois, elle a décidé de rejoindre le mouvement lancé vendredi 4 novembre par trois syndicats (Union nationale des syndicats d’artistes musiciens de France CGT, Sud Culture et FO) et de faire grève. L’étincelle qui a déclenché sa colère a été les mots pour annoncer l’annulation de la représentation du Voyage dans la lune d’Offenbach ce même jour. La direction évoque dans un communiqué « des représentations syndicales non représentatives ou minoritaires ».

« Maintenant je fais partie d’une minorité. C’est très méprisant. Je suis vraiment blessée et je manifeste mon mécontentement ». Une colère qui est présente depuis quelques saisons. « En fin de saison, nous sommes fatigués et ressentons un grand besoin de faire une pause. Or ce sentiment de fatigue arrive de plus en plus tôt au fil des saisons. C’était en juin, puis en mai. Maintenant, c’est en avril. Nous sommes à bout de course avec les surcharges de travail. Nous avons multiplié la programmation avec l’exploitation de la Chapelle Corneille. Et ce, sans revoir les plannings. De plus, il faut palier aux absences. Nous essayons désormais de maintenir la tête hors de l’eau ».

Des actions à venir

Les conditions de travail constituent donc la première des revendications. La seconde concerne les salaires, les plus bas. « Un tiers des effectifs touchent environ 1 400 €. Nous demandons pour ces personnes un salaire minimum de 1 800 €. Elles sont toutes qualifiées et tout le monde contribue à la réussite de l’Opéra », explique un salarié syndiqué. Les récentes négociations annuelles ne satisfont pas. « Elles sont des rustines et englobent deux années. Quant aux primes, (entre 200 et 600 € selon le communiqué de l’Opéra, ndlr), elles ne sont pas attribuées aux intermittents et le recours aux emplois précaires est important ».

Ce vendredi 4 novembre, quelque 50 personnes, musiciens et musiciennes, techniciens et techniciennes, personnel administratif, qu’ils soient permanents ou intermittents, se sont retrouvées en fin de journée sur le parvis du Théâtre des Arts pour expliquer leur situation. « C’est une grève par solidarité ». L’intersyndicale, « ouverte au dialogue », demande « l’obtention de salaires décents pour tous », « la fin de la préconisation des bas salaires » et « une refonte de la planification du travail et une mise en lumière des besoins en emplois ».

Cette grève a entraîné l’annulation de la première représentation du Voyage dans la lune d’Offenbach. Celles des dimanche 6 et mardi 8 novembre se tiendront comme prévu. L’intersyndicale donnera cependant une suite à un mouvement qu’elle souhaite poursuivre sur un temps long avec de nouvelles actions si les revendications ne sont pas entendues.