Jusqu’à Béjaïa avec Claire Diterzi

photo : Gabriela Cais Burdmann

De Béjaïa à Sotteville-lès-Rouen : c’est l’itinéraire que dessine Claire Diterzi dans cette pièce de théâtre musical pour revenir sur les traces d’une jeune femme algérienne partie de son pays en 1955 et celles de son père. Artiste associée, elle sera à nouveau vendredi 3 février au Trianon transatlantique.

Pour la première fois, Claire Diterzi s’est inspirée d’un récit de vie. Celui de Tassadite, une femme, disparue à l’automne 2021, qui a habité Ivry après être partie de son village en Kabylie en 1955. « Son histoire est comme un conte de Perrault. Tassadite n’a jamais été maltraitée mais elle a toujours été là pour les autres. Elle subit malgré elle. Pourtant elle ne s’est jamais plainte et est restée souriante. C’était une Antigone ». Pas d’école pour cette enfant, puis un mariage forcé à l’adolescence et l’arrivée de huit enfants, un garçon et sept filles. « Un jour, elle décide de prendre sa vie en main et de s’installer en France ».

La rencontre avec Tassadite a éveillé chez Claire Diterzi le désir d’aller à la rencontre de ses racines paternelles kabyles. « Je connais mal mon père. Il nous a, ma mère et mes sœurs, abandonnées. J’ai eu envie de réparer cette figure. J’ai ainsi retrouvé une résonance dans le parcours de Tassadite. Mon père et son mari ont eu les mêmes défaillances ».

Théâtre, musique et dessins

Dans De Béjaïa à Sotteville-lès-Rouen, une pièce de théâtre musical jouée vendredi 3 février, Claire Diterzi invente une autre vie à Tassidite, dessine une figure fantasmée du père qui devient un héros. Et ce, en questionnant l’exil, l’émancipation des femmes, la liberté d’expression, la famille, la transmission. Elle traverse une mémoire. «  Cette femme m’a touchée. Ma vie est confortable par rapport à la sienne et je le mesure. C’est pour cela qu’il faut lui rendre hommage. Surtout pas en la mettant dans une case. Tassadite qui a vécu la guerre avait cette capacité à trouver la joie et l’enthousiasme. J’ai vraiment accentué la partie conte ».

Un conte narré par Saadia Bentaïeb, entourée d’Amar Chaoui, Hafid Dejmaï, Rafaelle Rinaudo et de Claire Diterzi qui a créé un univers rock mêlé aux sonorités traditionnelles. Le tout accompagné des dessins d’Olivier Jacques, issus de son carnet de voyage à Béjaïa.

Infos pratiques

  • Vendredi 3 février à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen
  • Durée : 1h15
  • Tarifs : de 25 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce