Antonia ne veut plus payer

photo : Pascale Cholette

On ne paie pas ! on ne paie pas ! Avec un tel titre, ce texte ne peut être qu’une véritable satire politique. Dario Fo et Franca Rame l’écrivent en 1974 lors de luttes ouvrières à Milan en Italie. Trente-quatre ans plus tard, elle est adaptée en pleine crise des subprimes aux États-Unis. Dans cette pièce jouée les 21 et 22 mars au Volcan au Havre, en plein mouvement social, Anne-Élodie Sorlin tient le rôle d’Antonia. Les représentations sont annulées

Le lien avec l’actualité, notamment l’inflation galopante, est évident. Des femmes expriment leur colère face à la montée des prix des produits alimentaires. Antonia a décidé qu’elle ne paierait pas tout ce qu’elle a entassé dans son chariot. Refuser de passer par la caisse du supermarché entraîne évidemment des poursuites. C’est une course pour cette femme qui tente d’échapper aux gendarmes. Non, elle ne veut plus payer.

On ne paie pas ! On ne paie pas ! : un titre, tel un slogan scandé lors d’une manifestation, choisi par Dario Fo et Franca Rame pour leur pièce de théâtre présentée les 21 et 22 mars au Volcan au Havre. Les deux auteurs écrivent une critique caustique de la société de consommation, une farce pour mettre un coup de projecteur sur la part irrationnelle des comportements humains.

« Une femme du peuple »

Dans cette pièce mise en scène par Bernard Levy, Anne-Élodie Sorlin est Antonia, « une femme du peuple. Comme toutes les autres, elle en a marre parce qu’elle est en survie. Elle aime son mari, sa fille. Elle a un grand amour pour les autres. Elle aime la vie malgré tout mais refuse toute exclusion. Ses plus grands souhaits sont de sortir de cette galère et de permettre à sa fille de vivre un de ses rêves. Là, c’est sa vie qu’elle joue. Elle y croit dur comme fer. C’est très beau parce qu’il y a l’énergie du désespoir ».

Pour interpréter ce personnage, la comédienne s’est inspirée de figures du cinéma, comme Anna Magnani. « Dans mes souvenirs d’enfance, il y a plein d’autres femmes, notamment Jacqueline Maillan que j’adore. Elle se bat sur chaque plan, sur chaque phrase. Antonia est un rôle très physique. Dès que l’on pose un pied sur le plateau, ça ne s’arrête jamais. C’est une vraie mécanique. À la fin du spectacle, je mets beaucoup de temps à redescendre ».

Une autre approche

Anne-Élodie Sorlin qui a davantage l’habitude d’improviser avec Les Chiens de Navarre, la troupe de Jean-Christophe Meurisse, a modifié son approche du texte. « Bernard Levy a abordé cette pièce de manière classique. Il était concentré sur le texte. J’ai dû m’adapter à cette façon de travailler. Avec Les Chiens de Navarre, nous sommes avant tout dans le jeu. Après avoir intégré le texte, la liberté qui est fondamentale pour un comédien revient. De plus, cette pièce est très bavarde. Ça parle tout le temps. Le plus compliqué a été d’être dans le texte et le mouvement. Nous avons commencé à répéter dans le décor. Il a donc fallu que le texte entre dans le corps ».

Les répétitions d’On ne paie pas ! On ne paie pas ! ont débuté lors des manifestations des Gilets jaunes. La tournée s’effectue lors de nouveaux mouvements sociaux. « Cette pièce, c’est la vie. Dario Fo et Franca Rame se mettent au service de la vie, du peuple. Ils racontent la difficulté de vivre. C’est important pour moi. Je suis en colère depuis toujours. Le théâtre doit parler des gens, être à leur service. Sinon, cela n’a pas de sens ». Ancrée dans un quotidien, la pièce n’est pas  pour autant une reconstitution réaliste afin laisser transparaître le côté burlesque.

Infos pratiques

  • Mardi 21 mars à 20h30 et mercredi 22 mars à 19h30 au Volcan au Havre
  • Durée : 2h05
  • Tarifs : de 24 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com