La lutte ouvrière au féminin

Photo : Raphaël Thet

Longtemps je me suis levée tôt… Un titre en forme de clin d’œil à Proust pour évoquer toutes celles qui commencent à travailler à l’aube. Dans cette pièce de théâtre, le collectif normand Sur Le Pont revient sur les luttes ouvrières menées par des femmes. À voir vendredi 31 mars au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly.

C’est un hommage à toutes ces femmes qui luttent pour préserver leur emploi, améliorer leurs conditions de travail et leur salaire. Longtemps je me suis levée tôt est une tragi-comédie sur les combats au féminin. Pour Claire Barrabès, « il est important de retracer l’histoire mémorielle des femmes parce qu’elles ont été parties prenantes et ont montré beaucoup de pugnacité lors des luttes. Or, cette histoire reste méconnue ». L’autrice et metteuse en scène du collectif normand Sur Le pont s’est penchée sur l’action des Jeannette qui ont occupé la biscuiterie, mise en liquidation, pour éviter la mise en vente de l’outil productif. Elle s’est ensuite emparée des travaux sur les mouvements sociaux de Ludivine Bantigny, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’université de Rouen-Normandie.

Toute une matière qui a nourri l’écriture de Longtemps je me suis levée tôt, jouée vendredi 31 mars au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. « Je me suis beaucoup documentée. Je trouvais intéressant de m’appuyer sur un travail historique, sociologique et journalistique. Je me suis inspirée de toutes ces sources pour inventer. Pour moi, le théâtre doit s’émanciper des faits réels. Cela permet d’être dans quelque chose de plus grand et de plus fort que la réalité. L’imagination peut se déployer et amener aussi à supporter cette réalité ».

Un drame

Dans cette pièce, pas de biscuits mais des sapins de Noël artificiels. Mais l’histoire se répète. La direction annonce la fermeture de l’entreprise, un plan social et une délocalisation de la production. Commence alors un combat de la part des ouvrières et des ouvriers. Ensemble, ils ont décidé d’occuper l’usine. Ce moment est l’occasion d’évoquer les souvenirs, les joies, les souffrances, la solidarité, la précarité… Dans le groupe, une personne est déterminée à se pendre. 

« Ces femmes sont pleines de courage. Il faut une sacrée force, une énergie et de l’abnégation pour mener une lutte. Mais à quel moment on se dit : je n’ai plus que mon corps comme rempart à l’absurdité économique, comme obstacle à cette broyeuse. Ces combats ont quelque chose du sacerdoce et cela laisse des stigmates. On n’en sort jamais indemnes ». Cinq comédiennes et comédiens occupent ainsi un lieu où apparaissent des sapins artificiels. La forêt ne cesse de s’agrandir pour se transformer en un monde fantastique.

Infos pratiques

  • Vendredi 31 mars à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly à Grand-Quevilly
  • Durée : 1h30
  • Tarifs : de 17 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com
  • Aller au théâtre en transport en commun avec le réseau Astuce