Nova Materia fait son anthropoparty

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Ce sont les matières, minérales et métalliques, et les vibrations des espaces qui sont au point de départ des compositions de Nova Materia. La musique, presque mystique du duo, transcrit le souffle de plusieurs mondes et devient une expérience immersive. Caroline Chaspoul et Eduardo Henriquez l’enveloppent de sons électroniques pour créer des univers oniriques. Ils sont en concert samedi 6 mai au Kubb à Évreux dans le cadre du festival des AnthropoScènes.

Comment les lieux influencent-ils votre musique ?

Cela dépend du lieu et du type de lieu. Un espace urbain et un espace naturel agissent de manière différente sur nous. Nous sommes sensibles aux lieux et encore davantage aux acoustiques des lieux. Il y a des vibrations. Ce qui résonne est ce qui constitue les lieux.

Est-ce que les vibrations constituent votre quête ?

Tout vibre. On ressent des vibrations partout parce que tout émet des sons. Même les plus petites choses. Nous nous intéressons aux lieux et à la matière. Nous travaillons la matière comme un matériau de base pour écrire la musique. Nous sommes très attentifs à ce que dégage un lieu.

Fait-il être dans un état particulier pour recevoir ces vibrations ?

Pas dans un état particulier mais dans une démarche particulière. Il faut se mettre dans une disposition d’écoute. Cela se fait grâce à une ouverture, une acceptation de s’éveiller à ce qui nous entoure. Nous avons tendance à poser des filtres sur notre environnement. Or l’écoute est nécessaire. Tout comme une mise à disposition de tout le système perceptif. Et il n’y a pas seulement l’ouïe. Caroline et moi avons beaucoup travaillé sur ce sujet.

Pour le nouvel album, Xpujil, vous êtes allés au Mexique dans cette cité maya. Pourquoi ce choix ?

C’est un hasard. Nous avons découvert ce site lors de nos recherches. Très vite, il nous a obsédés. Nous nous sommes demandé s’il y avait matière à raconter une histoire. Comme la réponse a été positive, nous avons pris un billet d’avion. Là-bas, nous avons enregistré de nombreux sons que nous avons transformés dès notre entrée dans le studio.

Faut-il que les lieux, comme celui de Xpujil, soient également chargés d’histoire ?

Xpujil est en effet un site qui est habité par son histoire. On pourrait dire : comme tous les lieux. Cependant, celle-ci est prégnante. Elle raconte aussi l’histoire d’une colonisation qui a changé le monde. C’est l’histoire de l’Europe et de l’Amérique. C’est notre histoire, à Caroline et moi.

Quelles étaient vos intentions pour cet album, Xpujil ?

Nous voulions travailler sur le ressenti. Il n’était pas question de faire un disque documentaire ou un récit de voyage. Nous avions vraiment envie de retranscrire des émotions ressenties dans ce paysage habité par une histoire. C’est à la fois magique, cosmique et sombre. Il y a beaucoup de sang versé dans cette histoire. Nous évoquons également le cycle des planètes. Ce qui permet d’aborder la thématique cosmique de la civilisation maya. Le disque a été complété d’une série d’enregistrements effectuée en Birmanie, notamment à de milliers de petites clochettes qui sonnaient à Rangoun. C’était aussi cosmique qu’au Mexique. Le violoncelle de Gaspar Claus apporte enfin une référence occidentale.

À Évreux, vous ferez entendre une autre musique.

Xpujil nécessite une installation particulière d’enceintes pour avoir un son sur 360°. Nous allons proposer une autre expérience mais serons dans la même démarche que celle définie pour cet album. Ce sera la nuit, on aura envie de danser. Nous aurons nos machines, des pierre, du bois, des tubes de fer, des plaques de fer… Pour ce concert, il y a une partie écrire et une autre improvisée. Nous sommes davantage dans le moment présent.

Infos pratiques

  • Samedi 6 mai à 19 heures au Kubb à Évreux
  • Première partie : Toi Imago
  • After : Dj Pince-Oreilles
  • Tarif : 10 €
  • Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com