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Les enjeux vestimentaires à l’école

photo : musée national de l'Éducation

Des souvenirs surgissent indéniablement lors du parcours dans l’exposition présentée jusqu’au 31 mars 2024 au musée national de l’Éducation à Rouen. S’habiller pour l’école retrace l’histoire du rapport de l’école au vêtement de 1880 à aujourd’hui.

C’est un sujet qui revient à des intervalles réguliers et déclenche toujours de vifs débats, voire des polémiques. Comment faut-il habiller les enfants et les adolescents pour aller à l’école, au collège ou au lycée ? La question est tout d’abord soulevée dans la sphère politique qui s’oppose à chaque fois sur le port de l’uniforme et s’ingénie, pour certains, à contrôler la tenue des jeunes filles — les garçons, eux, échappent à ces tentatives. Elle est aussi récurrente dans les familles puisque les parents choisissent les vêtements pour leurs enfants. À un moment donné, elle devient source de conflit puisque les ados souhaitent prendre l’initiative.

S’Habiller pour l’école, c’est toute une histoire. Et elle est racontée dans une enrichissante exposition, à découvrir jusqu’au 30 mars 2024 au musée national de l’Éducation à Rouen. Il est question de l’uniforme, très peu porté en France, de la blouse obligatoire. « C’était un vêtement de protection », rappelle Nicolas Coutant, directeur adjoint du musée et co-commissaire de l’exposition avec Aude Le Guennec, anthropologue du design à la Glasgow School of art. Dans certains établissements scolaires, son port était même règlementé. Il fallait par exemple une blouse à manches longues, écrue une semaine, et rose, la semaine suivante, en 1969 au lycée Jeanne d’Arc à Rouen.

Comme la mode

Cette histoire de plus d’un siècle traverse celle de la mode. Le musée national de l’Éducation présente divers modèles : une pèlerine noire à capuche, la célèbre marinière, un pantalon pattes d’éph’, le fameux sous-pull, la chemise à carreaux… Dans les années 1970, la blouse disparaît. Sauf dans les cours de physique et chimie où elle est blanche. Désormais, à chacun et chacune son style qui tend parfois à s’uniformiser. Ari Versluis et Ellie Uyttenbroek ont photographié à Évry en 2009 des adolescents dans les mêmes tenues : jeans ou pantalon de survêtement, sweat à capuche sous une veste de la marque aux trois bandes et un sac à dos. Autre évolution : l’institution ne prend plus en compte la dimension genrée du vêtement pour lutter contre les LGBTIphobies.

Les enseignants et enseignantes ont également leur code vestimentaire. Les hommes portent le costume noir, la chemise blanche, parfois la cravate ou le nœud papillon, et la blouse grise. Pour les femmes, « ce doit être sobre mais élégant. Elles ne devaient pas apparaître comme des personnes de mauvaise vie mais donner des gages de moralité. Les jupes ne devaient être trop courtes et trop longues. La simplicité n’exclut pas l’élégance », indique Nicolas Constant. Avec la libération des mœurs change la tenue des instituteurs et professeurs qui se montre plus décontractée et à la mode de l’époque. Comme le montrent les différentes photos de classe.

Le vêtement est enfin un vecteur d’apprentissages, notamment celui de la motricité fine et de la découverte des motifs et des lettres sur les tee-shirts. Avec la blouse, l’élève tient son rôle dans son établissement scolaire. Pour les filles, futures mères de famille, il y a les cours de couture et de tricot, lancés dès 1862 par Élisa Lemonnier. Ils ont heureusement cessé pour des formations plus professionnalisantes aux métiers de la mode. L’exposition donne à voir la tenue idéale d’une écolière de maternelle réalisée par des élèves de BTS du lycée Élisa-Lemonnier à Petit-Quevilly.

photo : musée national de l’Éducation

Infos pratiques

  • Jusqu’au 31 mars 2024 au musée national de l’éducation à Rouen
  • Ouverture les lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 13h30 à 18h15, les samedi, dimanche et jours fériés de 10 heures à 12h30 et de 13h30 à 18h15
  • Entrée gratuite
  • Renseignements au 02 35 07 66 61 ou sur www.munae.fr
  • Aller au musée en transport en commun avec le réseau Astuce