Jodyline Gallavardin : « le piano est un prolongement de moi-même »

Photo : Bernard Martinez

Pianiste au toucher de velours, Jodyline Gallavardin emmène vers les paradis perdus. Lost Paradises, c’est le titre de son premier album où la musicienne virtuose dépeint une nature majestueuse ou sombre à travers les œuvres de Henry Cowell, Jean Sibelius, Amy Beach, Franz Schubert, Enrique Granados… Elle interprétera ces belles pages musicales dimanche 18 février au Tetris au Havre pendant le festival Piano is not dead. Entretien.

Quelle place tient le piano ?

Le piano est un prolongement de moi-même. Avec lui, j’apprends à me connaître. Au fil du temps, j’apprends à le connaître aussi. Mon rapport à l’instrument est de plus en plus sain. Il est plus simple et plus évident. Je parviens à exprimer ce que je veux. Ce n’est pas évident parce qu’il faut savoir faire la part des choses entre ce que l’on veut dire et ce que le compositeur a voulu exprimer. C’est quelque chose en fait de très intime.

C’est aussi un jeu d’équilibre.

Oui et plus les années passent, plus je trouve cet équilibre. C’est la pratique qui me le permet. J’arrive également à prendre davantage de recul. Je me sens plus solide. C’est le travail qui permet d’arriver à cela. Quand vous êtes en lutte pour prouver quelque chose, il manque de l’humilité. Or si vous renforcez votre technique, vous gagnez en humilité, en confort et en aisance et vous pouvez aller à l’essentiel et vous demander ce que la musique exprime.

Est-ce le geste musical le plus important ?

Oui et cela demande beaucoup de temps. La pratique devient alors pluriforme. Il faut s’accorder du temps pour aller se nourrir ailleurs. Pour moi, il y a les choses culturelles mais aussi les conversations avec les autres. Ce sont des instants qui ne sont pas prévus pour comprendre des émotions. Je me nourris davantage d’autres arts que de la musique. Je vais toujours à l’opéra. Je lis énormément et je vais au théâtre.

Comment s’est construit ce premier album, Lost Paradises ?

Ce premier album est nourri des choses de la vie. J’étais en Suède à ce moment-là et j’ai beaucoup aimé ces territoires encore préservés, ces endroits inconnus et merveilleux que l’on ne trouve pas facilement. Cela m’a apporté beaucoup de bonheur.

Vous avez choisi des musiques très variées. Pourquoi ?

Ce sont des œuvres que j’avais à l’esprit. Entre chacune d’elle, il y a une passerelle musicale. J’entendais une cohérence dans les musiques, les atmosphères, les sensations. C’est une impression générale. Lors du concert au Tetris, je vais jouer tout l’album. Revenir à ces œuvres, c’est comme revenir chez soi. C’est très agréable. Même si on est parti depuis longtemps. On voit cet endroit, on le reconnaît, on a en tête les moindres détails. Mais on découvre encore des choses. Ces œuvres sont tellement riches qu’on les redécouvre à chaque fois.

Allez-vous vers le répertoire contemporain ?

Oui, il y a beaucoup d’œuvres que j’écoute. Celles-ci demandent plus de temps pour les comprendre et les intégrer. La Suite pour Noël de Crumb est une partition immense qui n’est certes pas évidente à comprendre mais je l’adore. Crumb a une façon particulière de faire sonner le piano. C’est une réelle exploration.

Infos pratiques

  • Dimanche 18 février à 16 heures au Tetris au Havre
  • Concert gratuit
  • Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr