Déjà vingt-cinq ans que Tahiti 80 s’expose avec classe et talent autour du globe. Un parcours sans faute que le pop band vient résumer ce 4 juillet à l’occasion des Terrasses du jeudi à Rouen, programmées par Le Kalif.
On le sait bien, nul n’est prophète en son pays ! Quel autre proverbe que cette citation d’origine ancienne pourrait le mieux correspondre à Tahiti 80, le groupe le plus injustement impopulaire de la place rouennaise. Depuis vingt-cinq ans et un peu plus si l’on tient compte des années pré-albums, le public de la ville aux cents clochers boude l’enfant du pays. Mais le rendez-vous annuel des juilletistes, Les Terrasses du jeudi, offre l’occasion de se rattraper. Il faut aller applaudir et admirer ce fabuleux groupe qu’est Tahiti 80, le 4 juillet sur la place du Chêne rouge à Rouen, écouter les dizaines de titres exquis, soyeux, dansants, résolument enchanteurs et même découvrir en avant première les chansons de l’album à venir Hello Hello. Un programme idéal pour une douce soirée d’été en mode pop.
Alors quel est le problème ? Est-ce cette facilité déconcertante à écrire des pop-songs parfaites qui rend jaloux les compositeurs du cru ? Ou bien ce sens inné pour le refrain entêtant, pour les mots justes, qui gêne les galériens du song-writing ? Sans doute, un peu tout ça à la fois et plus encore… Tahiti 80 a réussi là où la grande majorité des groupes français a longtemps échoué : conquérir le public international. Plus près de chez nous, quel groupe local peut se vanter d’un tel exploit ? Même Dogs, les incontournables et magnifiques chiens ont sillonné de nombreuses contrées éloignées mais n’ont pas vendu autant de disques à l’étranger que les Tahitiens rouennais, régulièrement sur scène en Europe, en Amérique et bien sûr en Asie où le groupe possède encore aujourd’hui un gros following de fidèles.
D’un côté, l’Amérique, de l’autre, le Japon
D’aucuns diront – ou ont dit – qu’il est facile de séduire le public japonnais. Mais là encore, n’y a-t-il pas une bonne part de jalousie ? Une réaction épidermique face au succès du groupe ? Il y a des décennies que Mireille Mathieu ne fait plus rêver le Japon. Au pays du soleil levant, on aime le rock qui saigne, la soul moite, le garage bien sale et, évidemment, on chérit la pop music depuis des lustres. Les Beatles ont montré l’exemple en jouant au Budokan en 1966. Le premier groupe à pénétrer ce lieu considéré comme semi-sacré parce que promoteur et diffuseur de combats d’arts martiaux. Les gênes de McCartney et consorts figurent dans les mélodies de Tahiti et les Nippons ne s’y trompent pas en s’enflammant pour les auteurs de Puzzle.
La bande à Xavier Boyer, frontman et compositeur principal, a même connu la consécration à Tokyo avec la création d’un Jean Levi’s 517 customisé par leurs soins et sorti en série limitée. Pour compléter la liste des exploits commis au pays du sushi, ils ont provoqué une émeute lors d’un show case dans un magasin HMV de la capitale. Une foule massive s’est précipitée pour approcher, toucher et vénérer les garçons, bloquant au passage la rue et les environs à l’époque. Seul James Brown avait réussi cet exploit avant eux.
Au-delà du sol asiatique, nos petits gars du coin ont aussi conquis les Américains, les Suédois, les Espagnols, les Anglais, les Belges… Ils ont travaillé avec des producteurs légendaires – Andy Chase, Tore Johannson, Eric Matthews, etc. -, réalisé des featurings avec Linda Lewis, Kahimi Karie et d’autres. Tahiti 80 a été remixé par de nombreux Djs, a rempli des salles aux États-Unis, vendu des milliers d’albums, côtoyé les groupes qu’ils adulaient adolescents tels que Teenage FanClub ou Posies, joué dans les plus grands festivals de la planète, reçu des récompenses dont un disque d’or… Et malgré tout, on continue de les snober comme on aime détester l’équipe de France de football même si on ne peut s’empêcher de la regarder jouer et l’encourager avec force et grimage bleu blanc rouge. Alors pour fêter ces vingt-cinq années de folie, de grandiose, de plaisir, de bonheur… il ne reste qu’une chose à dire à Tahiti 80 : Respect Messieurs.
Programmation du 4 juillet
- À 18 heures place des Emmurées : School’s Out
- À partir de 19 heures place du Chêne-rouge : Chambre 317, Tahiti 80, Gallowstreet
- À partir de 19 heures place du 19-Avril-1944 : Block party avec Vif Argent
Infos pratiques
- Concerts à Rouen
- Gratuit
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce