Ludovic Louis : « Je me fie à mon instinct »

photo : Randy Gist

Le nom de Ludovic Louis est le plus souvent associé à celui de Lenny Kravitz. Le trompettiste, né au Havre, a joué aux côtés d’autres personnalités musicales dont The Black Eyes Peas. Il est aussi un compositeur inspiré. Après Rebirth, il a publié en mars 2024 If Everything Is Written, un album toujours empreint de ses influences jazz, funk, soul et musiques caribéennes mais avec une énergie plus brute. Il revient sur son parcours qui n’était pas tracé à l’avance et sur la marche du temps qui l’emmène avec bonheur vers le Sunrise. Ludovic Louis est en concert au Havre pour clore le festival Les Nuits suspendues aux jardins suspendus. Entretien.

Est-ce vous sur la pochette de l’album, If Everything Is Written ?

Oui, c’est moi. Je devais avoir 2 ou 3 ans. C’est le jour de mon baptême. Quand je choisis cette photo, je demande à cet enfant s’il se doute qu’il allait devenir musicien, quitter le Havre pour aller à la capitale, puis aux États-Unis.

Était-ce écrit, comme le suggère le titre de l’album ?

C’est une autre question. Je n’ai pas du tout anticipé ce que je suis devenu. J’ai commencé à jouer de la musique parce que cela m’a tout de suite attiré. En faire mon métier ? Non ! Jouer avec de grands artistes ? Non plus ! Tout s’est construit au fur et à mesure. L’insouciance a une belle part dans tout cela.

Êtes-vous toujours insouciant ?

Oui, toujours. Je me fie à mon instinct. Je me fie à mes idées. Cela s’est avéré plutôt positif. Mon instinct guide mes choix artistiques. Surtout lorsque je compose.

En composant cet album, avez-vous mesuré le chemin parcouru ?

Forcément. Quand je regarde tout ce que j’ai pu accomplir, je suis très étonné. Je ne m’attendais pas du tout à en arriver là. J’ai choisi la trompette parce que j’aime l’instrument mais je ne voulais pas en faire mon métier. Puis j’ai rencontré Florent Pagny, puis un artiste international, Lenny Kravitz. Je suis toujours allé au-delà de mes limites. Je n’ai jamais lâché. À chaque fois, je me suis donné la possibilité de mener à bien un nouveau projet. J’ai aimé cette prise de risque. En quelque sorte, j’ai écrit mon parcours. Et ce n’est pas fini.

Cette question du temps, très philosophique, est justement très présente dans votre album.

Oui, bien sûr. Le temps est une donnée que l’on ne maîtrise pas. Au-delà du temps, j’ai voulu dans cet album parler d’un chemin de vie. Le titre, Waves, l’évoque. La vie est faite de vagues qui nous emmènent.

Est-ce que ce chemin dont vous parlez est jalonné d’apprentissages ?

Oui, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont conseillé et aidé. Au départ, il y a mes parents qui nous ont, ma sœur et moi, inscrits au cours de musique. Il y a ensuite mes professeurs au Jupo (Jazz Union Porte Océane, école de musique jazz et musiques du monde au Havre – ndlr). Je pense à Alain Loisel et Sylvain Maillard. Mon parcours est jalonné de rencontres importantes qui ont eu des répercutions positives.

Cela reste donc important pour vous de garder ce lien avec votre ville de naissance ?

Oui, c’est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Je suis heureux de retrouver mes parents, ma famille. Mes racines sont aussi là. Le Havre, c’est toute mon enfance, ma jeunesse, ma musique. Je suis fier de ma ville. Je suis toujours en contact avec mes professeurs. Cela me permet de garder les pieds au sol. Revenir jouer au Havre, c’est un moment que j’attends toujours.

Sur ce chemin, il y aussi le futur.

Oui et j’avance. Je ne reste pas nostalgique d’un passé. Je regarde toujours devant mais, en même temps, j’ai besoin de remercier les personnes qui ont été là.

Êtes-vous un optimiste ?

Toujours ! Oui, je suis une personne optimiste. J’aime voir le bon côté des choses. 

Cet album, If Everything Is Written, est arrivé très vite après Rebirth.

Parce que je l’ai écrit très rapidement, pendant environ six mois. Les thèmes sont arrivés très vite. Les idées me sont venues en vacances. Los Angeles est aussi une ville très inspirante. J’ai laissé parler mes émotions. Quand on écoute chaque titre, on peut deviner dans quel état j’étais au moment de la composition.

Vous y avez mis aussi beaucoup plus d’énergie.

Oui, cet album est plus énergique, plus festif dans les sonorités. J’ai également voulu écrire des ballades. J’adore les chansons un peu posées qui racontent des histoires.

Vous avez invité plusieurs artistes sur cet album.

J’ai la chance d’avoir plusieurs invités. Je connais bien Gail (Ann Dorsey, bassiste de David Bowie, Mathieu Chedid…, ndlr). Un jour, je lui ai dit : j’aimerais écrire un titre sur lequel tu viendrais chanter. Elle a posé sa voix sur If Everything Is Written. Elle nous a fait passer par toutes les émotions. Sur un autre morceau, j’entendais la voix de Rossy de Palma à un certain passage. Elle a écrit ce poème, Le Temps. Je fais de la musique pour la partager. Sur scène, je veux être généreux.

La programmation

  • Jeudi 18 juillet à partir de 19 heures : Dj Ladybird & Visclo, Vif Argent& Toison, Théo Charaf, Mountain Men, Fantastic Negrito
  • Vendredi 19 juillet à partir de 19 heures : Dj René, Beverly Jo Scott, Two Way Street, Johnny Gallagher, Tribute to Calvin Russell avec Manu Lanvin
  • Samedi 20 juillet à partir de 19 heures : Calle mambo, Arte fait son karaoké, Babylon Circus
  • Dimanche 21 juillet à partir de 11 heures : André Manoukian, Les Goules, Froda par les mots, Maddy, Ioan Streba, Ludovic Louis

Infos pratiques

  • Tarifs : 15 €, 8 €
  • Réservation sur place