Il a osé. Faire chanter et danser sur les noms des présidents de la République française et autres personnages politiques ! Le pari était hasardeux. Parti d’une idée loufoque, Dombrance raconte au fil des titres pop-electro, réunis dans La République électronique, plusieurs époques avec ses sons et ses modes. Sur scène, Bertrand Lacombe se transforme en un homme politique moustachu, un brin ringard, qui sait cependant enflammer les dance floors. Son slogan : Pour une France qui danse ! Au Havre, ce sera vendredi 20 septembre au Tetris qui fête ses 10 + 1 ans. Entretien avec Dombrance.
Avez-vous fait de la musique votre parti ?
Oui, je crois. Très jeune, vers 6 ou 7 ans, j’ai commencé le violoncelle. J’ai ressenti un frisson quand j’ai joué une suite de Bach. J’ai eu la révélation de quelque chose d’assez pur. Je n’étais pas dans l’intellect mais vraiment dans l’émotion. La musique m’a guidé dans ma vie. Et c’est le meilleur guide qui existe pour être ouvert sur le monde.
Est-ce que la musique a aussi donné du sens à votre vie ?
Oui et elle en donne encore et toujours. Aujourd’hui, je survis dans ce monde complexe et sombre grâce à la musique. J’ai besoin de lumière et la musique me l’apporte.
Parce que la musique a un langage universel ?
Oui, c’est ça. C’est un peu naïf de dire cela. C’est généralement un truc que l’on écrit sur le papier mais je le vis tout au long de l’année. Et ce, à un moment où la tendance est de se refermer sur soi et sur sa langue, dans son pays et de fermer les frontières. Grâce à la musique, je vois quelque chose d’autre et j’ai soif de ça. Cela me touche de faire danser un Colombien sur un morceau qui s’appelle Poutou ou Raffarin.
Considérez-vous que la musique soit politique ?
Totalement et à plein de niveaux. Oui, la musique est politique. Elle est un mélange de politique, de fantastique, de spirituel… Oui, la musique est un mélange. Elle a un côté protéiforme. C’est l’histoire d’un mouvement de plusieurs centaines d’années qui a fait fi des règles. Que ce soit à une toute petite échelle ou à une échelle planétaire. C’est aussi l’histoire de nombreuses minorités. Il n’y a que la musique pour porter cela. C’est passionnant. La politique, aujourd’hui, divise alors que la musique a ce pouvoir de réunir les uns et les autres. Elle devrait avoir un plus gros budget de l’État. Or, c’est le plus faible.
Êtes-vous un passionné de politique ?
Je suis un passionné de politique mais je vais voter sans passion. Ce n’est pas grave. J’ai cette passion depuis ma jeunesse mais elle se tarit au fil des années. Je milite pour la tolérance. Le fait de voyager beaucoup nourrit ma curiosité des autres. C’est toujours intéressant de rencontrer des gens qui vivent des choses différentes de vous. Cela permet d’être dans le partage. Cependant, il est important d’aller voter, d’avoir des politiciens pour régir la cité. Il faut mettre la passion ailleurs. J’ai aussi un problème avec l’idolâtrie. Il y a quelque chose de dangereux d’être à la recherche d’un sauveur qui n’existe pas. C’est grâce au collectif que l’on avance. Et nous n’avons pas un président qui reflète cela.
Avec Dombrance, vous devenez un politicien.
Ce que je voulais, c’est être en décalage avec ce costume et cette moustache. Je suis fan de Kurt Cobain et de David Bowie mais j’ai mal vécu ce jeu de la représentation iconique sur scène. Je me suis senti bien quand j’ai créé ce personnage. Cela me permet de créer un moment particulier avec le public.
Vous avez même créé un slogan, Pour une France qui danse !
Tout cela a commencé par une blague et je me suis pris au jeu. Je m’amuse énormément avec Olivier Laude qui imagine l’univers graphique. Nous mettons les politiciens dans des univers parallèles et cela nous amuse vraiment beaucoup. Avec les tournées, il y a des similitudes avec ces politiciens qui partent en campagne. Je joue avec tous les codes de la politique. Quand je suis sur scène, je vais serrer des pognes. Et les gens rentrent dans le jeu. Ils ont compris le délire. Pendant la période Covid, je suis allé jouer chez les habitants. Comme Giscard quand il allait déjeuner chez les gens. Ce fut une expérience folle.
Vous êtes-vous inspiré d’interviews, de débats, de documentaires sur les politiques pour composer la musique ?
Il y a eu une collaboration avec l’INA. J’ai composé l’album à partir des images. J’ai voulu me plonger dans les sons et les émissions des différentes époques, notamment Radioscopie qui m’a beaucoup marqué. Pour De Gaulle, j’ai eu du mal. J’ai utilisé pas mal de discours. Puis j’ai trouvé l’idée de l’orgue. Pour Pompidou, il y a le son des sixties avec un côté électronique. Pour Giscard, j’ai pensé aux films érotiques des années 1970 avec les synthés de l’époque. Pour Mitterrand, c’est du punk electro. Pour Macron, j’ai pensé à une musique qui s’emballe et qui se termine avec un free jazz un peu fou et inquiétant.
Avez-vous eu des retours de la part de la classe politique ?
Non. Seul Poutou a partagé la vidéo.
La programmation
- Jeudi 19 septembre à 20 heures : Bagarre, Les Vulves assassines, Karaokay Live. Gratuit
- Vendredi 20 septembre à 20 heures : Bøl, Cabaret burlesque, Dimension Bonus, Violet indigo, Dombrance. Tarifs : 10 €, 5 €
- Samedi 21 septembre à 20 heures : Cate Hortl, Pythies, Sahra Halgan, Sam Quealy, Tshegue. Tarifs : 10 €, 5 €
Infos pratiques
- Concerts au Tetris au Havre
- Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr