Les Vulves assassines : « nous voulons garder ce côté punk, bête et méchant »

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Chaque titre arrive comme un manifeste. Les Vulves assassines sont cash. Quand elles ont quelque chose à dire, c’est sans fard, irrévérencieux mais tellement libérateur. Les Vulves assassines, c’est un trio composé de Dj Conant, MC Vieillard et Samy, deux rappeuses et une guitariste qui hurlent tout ce qui encombre la vie, le patriarcat, les inégalités, les injustices et, parfois, l’amour, dans deux albums, Godzilla 3000 et Das Kapital. Les Vulves assassines sont en concert samedi 18 mai au 106 à Rouen. Entretien avec MC Vieillard.

Est-ce la politique qui vous a amené à la musique ?

Oui, carrément. On ne sait pas composer de musique. Tout cela est un peu bricolé parce que nous avons appris avec nos propres moyens. On a commencé avec la MAO (musique assistée par ordinateur, ndlr) pour passer le temps. Avec Dj Conant, nous nous sommes connues au boulot. Nous travaillions dans le cadre des élections européennes pour le Front de gauche il y a plusieurs années. Il y a bien évidemment un coté militant. Un jour, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas donner un concert ? Et nous avons fait ça devant les copains et la familles. C’était il y a dix ans. Nous sommes restées toutes les deux pendant trois années. Samy nous a ensuite rejointes. Elle nous a obligé à nous appliquer et à progresser.

Le coté ludique reste important pour vous ?

Oui, on s’amuse beaucoup derrière nos claviers et nos ordinateurs. La musique est un vecteur un peu efficace pour changer le monde. Elle peut y participer mais c’est quand même plus sympa de chanter que de distribuer des tracts et de faire des réunions. Il y a peut-être un peu de paresse là-dedans.

Est-ce que chaque chanson est à entendre comme un manifeste ?

Nous avons cette pratique du terrain dans le militantisme. C’est quelque chose qui nous porte. La musique, ce n’est pas une solution de facilité pour tout le monde. Mais, pour nous, oui. Nous sommes très à l’aise de faire de la politique par ce biais et nous croyons fort en ce canal. Nous avons commencé en jouant dans des squats parisiens et autres lieux alternatifs. Maintenant, nous sommes programmées sur des scènes plus institutionnelles et des festivals. Nous sommes là devant un public qui est certes plus difficile à convaincre. Cependant, il y a un bon écho. Une grande partie du public partage nos angoisses sur ce que devient ce pays. Oui, nos concerts sont de la propagande. Et nous assumons ce mot. Nous restons sur ce registre très progressiste et humaniste. La violence est à prendre au second degré.

Vos textes sont-ils toujours des réactions à une actualité ?

Oui, souvent. Ils collent à une actualité. Quand il se passe un événement, on discute sur un coin de table, on sort une blague, on trouve une punchline et ça devient une chanson. Il y a encore des sujets d’actualité sur lesquels nous n’arrivons pas écrire, comme les migrations et l’extrême droite. Mais  nous n’avons pas dit notre dernier mot.

Est-ce la colère qui vous anime ?

Oui, complètement, même si nous emmenons cette colère vers la joie et l’espoir. Nous n’avons pas envie d’écrire des chansons tristes et moralisatrices. Ce sont des constats et des slogans de revendication.

Quand est arrivée la question du féminisme ?

Quand nous avons commencé, nous avions 25 ans. Nous faisons partie d’une génération qui a grandi hors des questions de genre et de féminisme. Ils étaient de gros mots. Nous avons découvert les théories féministes sur le tard. Quand nous avons commencé la musique, nous voulions être comme n’importe quels groupes de gars qui font les cons entre copains et hurlent dans un micro. Nous ne voulions pas atteindre l’excellence. Alors nous nous permettons l’autodérision. Nous nous permettons d’être des nanas qui mettent le bordel comme tout groupe de punk. Dans un second temps, nous réfléchissons au message porté. Nous voulons garder ce côté punk, bête et méchant avec un message qui vaut le coup d’être délivré.

Infos pratiques

  • Samedi 18 mai à 20 heures au 106 à Rouen
  • Première partie : Par.Sek
  • Tarifs : de 21 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce