Claude : « un premier album, c’est obligatoirement introspectif »

photo : Geray Mena

Il a choisi le prénom de Claude. Son premier EP, Bientôt La Nuit, avait éveillé les curiosités. Sorti le 11 octobre 2024, l’album, In Extremis, ravit avec ses textes évocateurs, ses mélodies pop et ses boucles électroniques accrocheuses. Claude a une plume virevoltante et sait trouver les mots justes pour décrire les failles, le mal-être, le sentiment amoureux, la mélancolie. Avec Alexis Delong, il a fabriqué à ces chansons intimes un bel écrin avec quelques bizarreries, comme il dit. Claude sera en concert samedi 26 octobre au 106 à Rouen et vendredi 8 novembre au Cargö à Caen. Entretien.

Était-il évident pour vous que cet album aurait des sonorités électroniques ?

Oui, complètement. C’est la première musique vers laquelle je suis allé quand j’ai commencé à en écouter de manière massive. Elle représente une bonne grosse partie de ma culture et offre de multiples possibilités. C’est sûrement un truc inconscient parce que tout cela est venu naturellement. Au fur et à mesure des écoutes, il y a eu une sorte de sérendipité. Je me suis retrouvé à tomber sur des trucs très beaux, très connus et d’autres pas du tout. Elle reste la musique qui me parle le plus. C’est aussi celle que je connais le mieux. C’est une zone de confort pour moi. Quand on grandit, on en comprend les codes.

Quelle a été votre approche de la musique électronique pour ce disque ?

Comme il y a des possibilités infinies, il faut se poser des contraintes. Nous avons choisi tels sons, tels synthés… Quand tout cela est bien pesé, ce n’est pas trop vertigineux. Ensuite, il faut créer un son, dessiner un fil rouge. Alexis Delong est un génie dans la création musicale. Avec lui, on est constamment dans la découverte. Pour moi, c’était presque ludique lorsque je le voyais travailler.

Comment avez-vous procédé en duo ?

J’avais beaucoup de textes, parfois seulement des bribes, avec des mélodies. Nous avons pris ces ébauches et nous avons composé autour. Je terminais ensuite l’écriture des chansons et nous les reprenions pour poser la touche finale. Parfois, nous sommes partis de rien. Cet album s’est écrit selon diverses approches.

Quelle expérience retenez-vous de ce travail avec Alexis Delong ?

J’ai d’excellents souvenirs de ces moments passés avec Alexis. Ce sont les meilleures semaines de ma vie. Il y avait sans cesse une stimulation intellectuelle. Quand on crée, il y a 95 % du travail qui sont peu gratifiants parce que ce sont beaucoup de moments de recherche, d’incompréhension. On essaie de s’approcher de ce que l’on a en tête. Après c’est 5 % d’euphorie quand on a tout trouvé. Avec Alexis, la répartition est autre. C’est 70 % et 30 %. Il y a eu de nombreux moments pendant lesquels on se stimulait pour obtenir quelque chose d’original. C’est fantastique, les collaborations avec les gens passionnés. On peut aller plus loin dans la bizarrerie. Je pense que c’est la meilleure manière de faire de la musique.

En revanche, vous écrivez seul.

Oui, l’écriture, c’est un travail de solitaire parce qu’elle est personnelle. J’aime bien écrire tout seul. Le studio n’est pas l’endroit propice.

Dans l’écriture, « l’arbitre, c’est le corps », comme vous le chantez dans Pression.

C’est marrant de voir cette phrase de cette manière. J’écris tout sur mon téléphone. C’est une description toute simple. En général, cela part d’un détail autour de moi, puis j’écris plein de phrases, parfois de manière automatique. Même si elles n’ont pas de cohérence. Mais cela reste introspectif. 

Vous évoquez une large palette de sentiments dans cet album.

Complètement. Un premier album, c’est obligatoirement introspectif. C’est une présentation franche et honnête de soi. Dans ces chansons, je ne me suis pas balancé des fleurs. Je parle de mes défauts, de trucs un peu tabous et presque honteux. Je suis hypocondriaque, angoissé…

Vous parlez aussi beaucoup de solitude.

Tout à fait. C’est une solitude que je m’impose. Je ne me plains pas. Je souffre d’une solitude que je m’impose. Là, je fais la distinction entre solitude et autonomie. Avec cette souffrance, il y a un peu de mauvaise foi. 

Vous tenez une certaine tension tout au long de l’album. Pourquoi ?

C’est parti d’un constat. Dans les chansons, il y a peu de résolutions. Ce sont des choses qui peuvent s’aggraver. Cette tension doit être contenue dans les textes et être le produit de la musique.

Qui est vraiment Claude ?

C’est une version amplifiée de moi. La musique demande des formats courts. Il faut donc des choses concises. J’ai pris plusieurs points de ma personnalité pour en parler clairement sans être dans la demi-mesure.

Comment transposez-vous ces titres sur scène ?

La première date a été un grand pétage de câble, un grand moment de bazar électronique et dansant. On alterne avec des chansons plus calmes. Nous sommes trois sur scène. C’est de la musique électronique à fond avec un combo de grand bazar.

Infos pratiques

  • Samedi 26 octobre à 20 heures au 106 à Rouen. Première partie : Aah Duc Seduction. Tarifs : de 23 à 6 €. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Vendredi 8 novembre à 20 heures au Cargö à Caen. Première partie : Passagers. Tarifs : de 23 à 14 €. Réservation en ligne