Léa Deschaintres cherche les limites de son corps

photo : Antoine Billet

Pendant le festival Plein Phare In, le centre chorégraphique du Havre donne une Longueur d’avance à quatre jeunes artistes. Léa Deschaintres de la compagnie SAN.TOOR présente en avant-première Nos Abysses, un solo pour questionner l’échec, la performance et les limites. C’est vendredi 22 novembre au Phare au Havre.

« J’avais imaginé tout ce que ce contrat pouvait m’amener. Il aurait révolutionné ma vie de danseuse ». Mais, au bout des six jours d’audition, Léa Deschaintres n’est pas sélectionnée pour la prochaine création d’Olivier Dubois. L’interprète vit ce moment comme un échec et voit une partie de ses espoirs s’envoler. « J’ai été beaucoup affectée mais il m’était impossible de baisser les bras ».

Pour Léa Deschaintres, la danse tient une place considérable depuis le début de son adolescence. « Quand on commence dans ce domaine, on sait à quoi il faut s’attendre. Rien est un sacrifice. C’est un vrai choix pour moi. La danse me donne confiance en moi et me permet de grandir. Au début, j’étais ouverte à tout. Je passais beaucoup d’auditions pour peu de résultats. Désormais, je réfléchis quand j’envoie un dossier à une compagnie. Tous les contrats doivent avoir un sens pour moi ».

« M’affirmer en tant qu’interprète et chorégraphe »

Tout a commencé au collège dans une classe de sport-études. « J’avais plus d’heures de danse que de sport. Je me suis rendu compte de l’endroit où je devais être. Sur une scène, je suis moi-même. Je n’ai pas de limite ». La suite : l’école supérieure de danse Rosella Hightower à Cannes, Le Marchepied à Lausanne puis le ballet junior de Genève. Là, elle devient l’interprète de plusieurs grands chorégraphes comme Olivier Dubois, Angelin Preljocoaj, Thierry Malandain… Il y aura plus tard Sylvain Groud, Fouad Boussouf… Elle passe d’une danse à une autre. « J’aime beaucoup la rigueur de la danse classique mais j’ai une aisance pour la danse contemporaine. Elle me permet de lâcher prise ».

Léa Deschaintres s’investit également dans le développement de la compagnie SAN.TOOR fondée avec Ilario Santoro. Une autre étape dans la vie d’artiste : « j’avais envie de prendre ce rôle ». Tout comme celui de chorégraphe. « C’est une grande marche à atteindre. J’ai réussi parce que j’ai été bien accompagnée par Ilario. À un moment, je me suis sentie légitime ». Après un échec, la danseuse passionnée qui travaille avec une grande rigueur a trouvé son remède pour ne pas faillir : « prendre le plateau. Je dois faire mon chemin et m’affirmer en tant qu’interprète et chorégraphe ».

Présenté pendant le festival Plein Phare In, pendant Longueur d’avance, une soirée pour découvrir de jeunes talents, Nos Abysses, la première création de Léa Deschaintres, évoque les déceptions, la performance et la recherche d’un équilibre entre le corps et l’esprit. « Je suis quelqu’un qui a pensé que sculpter son corps me ferait réussir. Or il faut être gentil avec son corps. C’est une quête. Je sais que j’en demande beaucoup à mon corps. J’ai l’habitude de le pousser à des extrêmes. Mais j’apprends à l’écouter. Pour l’instant, je ne connais pas encore ses limites ». Léa Deschaintres questionne autant l’univers du sport qu’elle connaît bien et ce besoin de se dépasser en permanence. Non sans autodérision.

Infos pratiques

  • Vendredi 22 novembre à 18h30 au Phare au Havre
  • Des places sont à gagner pour ce spectacle. Pour tenter votre chance, écrivez-vous nous à muriel.relikto@gmail.com
  • Une scène partagée avec Charlène Pons, Fiona Le Goff et Valentin Mériot
  • Durée : 3h30
  • Tarifs : 10 €, 6 €
  • Réservation au 02 35 26 23 00 ou en ligne