La compagnie Babel choisit plusieurs sphères de la vie pour analyser les mécanismes de la violence. Les Moments doux où se croisent plusieurs trajectoires de différents personnages est une pièce de théâtre jouée mercredi 11 et jeudi 12 décembre à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan avec le CDN de Normandie-Rouen.
Jamais rien ne peut justifier la violence physique… Cette phrase, très politique, a tourné en boucle dans la tête d’Élise Chatauret et Thomas Pondevie. Elle a surgi après la diffusion des images de deux dirigeants d’Air France sortant de leur bureau, leur chemise arrachée, le 5 octobre 2025 en plein conflit social. Cette affaire faisait écho aux multiples suicides de salariés de France Télécom et Orange en raison de harcèlement. Alors les deux artistes, à la direction de la compagnie Babel, s’interrogent. « Il faut être très fins avec ce sujet. Qu’y a-t-il derrière les violences physiques qui sont représentées et les violences invisibles qui ne se manifestent pas ? »
Élise Chatauret et Thomas Pondevie posent des questions sur la représentation de la violence. « C’est une problématique pour nous, explique Thomas Pondevie. Nous cherchons naïvement en faisant feu de tout bois. Nous avons besoin de parler parce que nous sommes concernés de près ou de loin ». Pour écrire Les Moments doux, joué au CDN de Normandie-Rouen, la metteuse en scène et le dramaturge ont mené de nombreux entretiens pour démêler le sujet. « Nous voulions comprendre tous les points de vue pour en regarder toute la complexité. Nous avons récolté beaucoup de matière. C’est la joie de l’enquête. Comme pour un film documentaire, nous avons effectué un travail de montage et testé des choses avec l’équipe. C’est un travail très expérimental. Comme dans un laboratoire. Nous voulons donner à entendre le doute. Là, le personnage principal, c’est la violence ».
Les Moments doux évoque la violence à l’école, dans le monde du travail, dans la cellule familiale et dans le secteur culturel. « Nous ne pouvions pas nous exempter de ce sujet. Là, ils sont dans une compagnie et doivent encore faire avec moins ». La pièce de théâtre, pour six comédiennes et comédiens, raconte la brutalité de la société. « Nous ne sommes pas ou des grands méchants ou des très gentils. Nous avons voulu montrer comment il est possible de devenir producteur de violence ». Une violence qui s’exerce au grand jour ou de manière insidieuse. La compagnie Babel décortique ainsi un système avec en son cœur l’injustice.
Infos pratiques
- Mercredi 11 décembre à 19 heures, jeudi 12 décembre à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan
- Rencontre avec les artistes à l’issue de la représentation du jeudi 12 décembre
- Durée : 1h30
- Spectacle à partir de 14 ans
- Tarifs : de 15 à 1 €
- Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
- Des places sont à gagner pour la représentation du mercredi 11 décembre