Le droit de choisir sa fin

Martha (Tilda Swinton), gravement malade, reçoit la visite à l’hôpital de son amie Ingrid (Julianne Moore) / photo Iglesias Más

Avoir s’être penché sur la vieillesse et ses conséquences dans Douleur et gloire, Pedro Almodóvar plaide pour l’euthanasie avec La Chambre d’à côté, Lion d’or de la dernière Mostra de Venise. C’est à découvrir dans les cinémas.

En 2019, dans Douleur et gloire, Pedro Almodóvar évoquait la vieillesse et les douleurs physiques et spirituelles qui l’accompagnent. Avec La Chambre d’à côté, le réalisateur espagnol va plus loin puisqu’il revendique clairement le droit de mourir dans la dignité. Comme depuis juin 2021, l’Espagne a légalisé l’euthanasie pour les personnes « majeures dans une situation médicale sans issue », il est allé chercher ailleurs les personnages de son film. Il aurait pu les trouver en France où la mort assistée est toujours assimilée à un homicide, mais il a préféré se tourner vers les États-Unis où seuls neuf états ont légalisé le suicide assisté.  

Ce premier long-métrage en anglais met en scène deux amies qui ont débuté leur carrière en travaillant pour le même journal. La vie les a éloignées l’une de l’autre, Martha (Tilda Swinton) est devenue reporter de guerre et Ingrid (Julianne Moore) connait le succès avec ses romans. C’est lors d’une séance de signatures à New York, qu’Ingrid apprend que Martha est hospitalisée suite à un cancer à un stade avancé. Les deux amies se retrouvent pour ne plus se quitter.

En plus grand

Si les décors changent — en Amérique tout est plus grand, plus fastueux qu’en Europe —, la petite musique — violoncelles graves, violons légers, piano limpide — de Pedro Almodóvar est toujours la même et les comédiennes à la hauteur des partitions qu’elles ont à jouer. Tilda Swinton, mince et pâle, est parfaite dans le rôle de la femme forte — elle a affronté la mort sur le terrain à de nombreuses reprises —  mais une femme forte en fin de vie qui ne veut pas faire pitié. Quant à la solide et sensible Julianne Moore, elle trouve sa place en arrière-plan, prête à surmonter la mort de son amie et à affronter d’éventuels déboires judiciaires. 

Le spectateur savoure les dialogues propices à la réflexion entre les deux femmes, et regrette tout ce qui nous en éloigne, comme les flashbacks sur le passé amoureux de la malade. Mais la rencontre finale entre Ingrid et la fille de Martha récompensera sa patience.