Le texte a été écrit en 1949 mais les thématiques restent intemporelles. Un homme, sujet à des crises de confusion mentale, a été broyé par une société violente. Le rêve américain, il y a cru. Pas sa famille. Les Échappés vifs de Philippe Baronnet joue Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller le 14 janvier au théâtre de Coutances, le 16 janvier au théâtre Roger-Ferdinand à Saint-Lô et le 27 février à la scène nationale de Dieppe. Le metteur en scène explique son choix.
Philippe Baronnet aime les histoires de famille. Dans Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, celle-ci est américaine et vit dans les années 1950. Willy Loman, le père, « personnage complexe et fascinant », sillonne les routes depuis plusieurs décennies à la recherche de nouveaux clients. À 63 ans, il est épuisé par ce travail de commis voyageur et cette injonction à la performance commerciale. Quand il revient à son domicile, il est absent psychologiquement.
Face à lui, il y a son épouse, Linda, qui supporte les accès de violence verbale de son mari, les deux enfants, Biff et Happy, élevés durement par leur père. Willy veut voir ses deux fils réussir dans la vie. Pour lui, il n’y a que les business qui compte. Au grand dam du sexagénaire, les deux garçons ont choisi une autre voie et rêvent d’un autre modèle de société après avoir subi une pression sociale.
Une famille décomposée
« Dans cette pièce de théâtre, ils faut voir trois niveaux de lecture. Il y a tout d’abord l’intime. Cette histoire est une tragédie, un drame familial. Chacun cache un secret aux autres. Quand Biff revient chez ses parents après plusieurs années, on ne sait pas quelle était l’embrouille avec son père. Le texte est aussi politique. Dans cette société, le capitaliste broie les petites gens, comme Willy. Il est endetté après de nombreux achats à crédit. Il se fait virer et il est obligé de mentir pour essayer de s’en sortir. Enfin, il y a la maladie. Willy montre des signes de confusion mentale. Il va vers des endroits du passé, des souvenirs qui lui font du bien. Ce ne sont pas des flashbacks mais des passages d’imaginaire parce que nous ne savons pas si ces moments se sont véritablement déroulés », explique le metteur en scène.
Philippe Baronnet a confié le rôle de Willy à Vincent Garanger, comédien toujours d’une extrême justesse. « Il ne peut pas jouer ce personnage comme un homme dépressif. Malgré les humiliations, le fait qu’il ne soit plus en accord avec la société, il va toujours trop vite. C’est une fuite en avant pour lui. Vincent doit jouer un gagnant ». Le comédien est entouré d’Anne Cressent, Marc Lamigeon, Romain Fauroux, René Turquois, Samuel Churin, Nine de Montal et Philippe Baronnet.
Plusieurs thématiques traversent cette pièce de théâtre d’Arthur Miller. Dans Mort d’un commis voyageur, Il est question d’amour, des relations familiales et de transmission, des rapports de classe, du temps et de la vieillesse… Autant de sujets qui demeurent d’actualité. C’est pour cette raison que Philippe Baronnet n’a pas souhaité actualiser le texte d’Arthur Miller. « Nous avons souhaité être de tous les temps » — tout comme la nouvelle traduction, très fidèle, de Kelly Rivière — pour rassembler les pièces du puzzle d’une famille qui a perdu son harmonie.
Infos pratiques
- Mardi 14 janvier à 20h3 au théâtre de Coutances. Tarifs : de 18 à 9 €. Réservation au 02 33 76 78 68 ou en ligne
- Jeudi 16 janvier à 20h30 au théâtre Roger-Ferdinand à Saint-Lô. Tarifs : de 16 à 10 €. Réservation au 02 33 57 11 49 ou en ligne
- Jeudi 27 février à 20 heures à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 25 à 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr