Les valeurs les plus généreuses animent Nabashu. Elles nourrissent ses combats. Pour les mener, elle a choisi la musique, le rap teinté de musiques traditionnelles. Le flow est très rapide. La voix, assurée. L’artiste sénégalaise, plusieurs fois récompensée pour son écriture percutante, aborde une multitude de sujets qui la tourmentent dans l’album, Nabastyle. Nabashu est en concert vendredi 21 mars au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen pendant le festival FrancoBeats qui se déroule aussi samedi 22 mars au palais des congrès à Oissel. Entretien.
Qu’est-ce qui vous a conduit vers la musique ?
J’appartiens à une famille dont les membres sont quelque peu réservés. Ils respectent des valeurs et des principes. Je suis venue à la musique grâce à mon frère. C’est lui qui m’a influencée. J’en écoutais mais ce n’était pas ma passion première. J’étais néanmoins bercée par la musique. Lorsque je me suis lancée, ce ne fut pas simple à cause de ces différents principes sénégalais.
Pourquoi avez-vous choisi le rap ?
J’aime le rap pour son style engagé. Il permet de défendre des causes. J’ai toujours voulu être au devant pour combattre certains faits et faire valoir des choses. En tant qu’artiste, tu te dois d’être la voix des sans voix. C’est ton devoir.
Pourquoi est-il important d’être engagée aujourd’hui ?
Lorsque l’on regarde la situation du Sénégal en particulier et celle du monde en général, il est nécessaire d’être engagé. Un artiste peut et doit le faire alors que beaucoup ne le peuvent pas. Quand nous parlons, les gens nous écoutent. Nous véhiculons des messages.
Quelles sont les causes que vous défendez ?
Je défends beaucoup de causes, surtout celles des femmes. Dans ce monde, il faut faire valoir la valeur des femmes. Elles tiennent une place très importante dans la société. Et pas seulement dans la musique. Partout, nous voyons des femmes qui s’engagent, se donnent à fond et effectuent un bon travail. Dans le nouvel album, j’aborde différents sujets comme l’amitié, l’argent qui malheureusement détient le monde, le Sénégal… C’est un pays merveilleux. Il faut venir. On peut y manger de bons plats. Les habitants sont accueillants. Il y a aussi la jeunesse qui prend des risques en partant sur des pirogues vers un ailleurs pour trouver du travail. C’est un moyen de survie pour elle mais nous avons besoin de cette jeunesse ambitieuse dans notre pays. Je parle enfin de la tradition pulaar. Je fais partie du peuple peul.
Que représente l’écriture ?
Ce fut une étape importante. Au début, cela n’a pas été facile. Aujourd’hui, écrire me rend fière. Beaucoup pensent encore que les femmes ne parviennent pas à écrire. Avec l’écriture, je me sens à ma place. Je peux affirmer des idées et des pensées. Le point de départ de mon écriture est une émotion, un ressenti. Même si cela reste un peu compliqué, j’y vais à l’instinct et j’essaie toujours de trouver le mot juste. Il faut que ça sonne. Je pense que l’écriture est un don de Dieu. Comme le talent.
Comment vous sentez-vous sur scène ?
Je me sens très fière aussi. Il y a des gens qui ont peur de monter sur scène. Ce n’est pas mon cas. J’aime les défis. Je suis une personne déterminée. Cela demande du travail. Quand j’ai commencé, je savais que tout le monde ne serait pas d’accord avec moi.
Vous avez également joué au cinéma.
Oui, j’ai joué dans une série (Impuissant, ndlr) pour une grande maison de production. J’ai été contactée et j’ai accepté. Ce fut une belle expérience. Cela m’a sorti de ma zone de confort. Ce n’est pas simple d’être dans des moods que tu ne maîtrises pas. Je sais maintenant que j’ai un autre atout et j’aimerais bien continuer.
Infos pratiques
- Vendredi 21 mars à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Concert avec Matador, Samba Peuzzi, Gonzy, Fousseyni. Tarifs : de 22 à 5 € Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com
- Samedi 22 mars à 19h30 au palais des congrès à Oissel. Concert avec Claudio Rabe, Ahamada Smis, Patche di Rima, Tiss Warren Jazz, Sheuv23 et Abomé Léléphant. Tarifs : de 16,40 à 8,20 €. Réservation au 02 32 95 61 17
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce