Jeune scénariste et réalisateur basé en Guadeloupe, Nelson Foix met en scène une course effrénée au coeur des Antilles. Zion, son premier long-métrage sur les écrans de cinéma mercredi 9 avril, nous donne l’occasion d’appréhender la culture antillaise mêlée de culture urbaine.
L’idée de départ est née avec l’un de ses courts-métrages Timoun aw — traduire Ton gamin — qui mettait en scène un jeune homme (Sloan Decombes) découvrant un bébé sur son palier. Alors qu’il est lui-même poursuivi par des voyous, Chris se lance à la recherche de la mère de l’enfant.
Sloan Decombes retrouve le personnage de Chris dans Zion. On le découvre toujours dilettante, principalement occupé à séduire les femmes et faire du rodéo sur sa moto. Lorsqu’un caïd (Zebrist) lui propose une livraison particulière en échange d’une moto d’un plus gros calibre, Chris se laisse tenter. Mais le matin même de sa mission, un bébé a été déposé devant sa porte… Chris va devoir jongler entre sa responsabilité de père — qui consiste surtout à retrouver sa mère, ou n’importe qui d’autre pour s’en occuper — et son « travail » dangereux. Pour Chris, il est grand temps d’atteindre la maturité.
Loin des images de cartes postales
Zion de Nelson Foix est l’occasion de découvrir Point-à-Pitre en Guadeloupe telle que les touristes de passage ne la voit jamais. Pas d’images de cartes postales mais des scènes de vie, dans des barres d’immeubles HLM, où la drogue circule, où les jeunes se bagarrent pour ne pas dire s’entretuent, quand ils n’affrontent pas des policiers armés. C’est dans ce ghetto étouffant que Chris va aller et venir sur sa moto, avec un bébé recroquevillé dans un sac cabas en plastique. L’image fait sourire et trembler à la fois. Bien sûr, on tremble pour le nourrisson, mais parfois on tremble aussi pour son père lorsque les gangsters sont à l’approche et que le moindre gazouillis peut révéler sa présence. On l’aura compris, la mission de Chris a mal tourné et le voilà poursuivi par le commanditaire et son ennemi qui a levé le piège.
Autour de ce drame intime sur fond de problèmes sociétaux, Nelson Foix signe un film d’action où les séquences de poursuites et d’affrontements sont tout aussi maîtrisées que celles d’un carnaval endiablé qui se transforme en émeutes avec coups de feu et gaz lacrymogènes. Une manière de nous rappeler que ce petit bout de France est au bord de l’explosion.
- Zion de Nelson Foix (France, 1h39) avec Sloan Decombes, Philippe Calodat, Zebrist…