Femme forte et âme fragile

Oxana (Albina Korzh), la brune, à la naissance du mouvement Femen / Photo : Rectangle Productions 247

Après les agressions sexuelles dans Slalom, Charlène Favier s’intéresse au mouvement Femen et filme le destin tragique de Oxana Chatchko, à l’origine du mouvement féministe. Oxana est à voir dans les salles de cinéma dès ce mercredi 16 avril.

Les Femen sont toujours d’actualité et font toujours parler d’elles comme ce dimanche 6 avril, où trois d’entre elles étaient expulsées du meeting du Rassemblement national à Paris. La réalisatrice Charlène Favier, remarquée au festival de Deauville 2020 pour avoir remporté le Prix d’Ornano-Valenti avec son premier long-métrage, Slalom, nous ramène aux origines de ce mouvement féministe avec Oxana, son deuxième film, du nom d’Oxana Chatchko, jeune artiste peintre, anarchiste ukrainienne et militante activiste qui a mis fin à ses jours à Paris à l’âge de 31 ans.  

Pour nous raconter la naissance des Femen, l’un des mouvements les plus importants de ce siècle, Charlène Favier nous ramène en 2008, en Ukraine, à l’époque où Oxana Chatchko et ses amies multiplient les actions spectaculaires : elles dénoncent l’industrie de la prostitution, les violences policières, les politiciens pro-russes… en manifestant seins nus, slogans peints sur le corps, couronnes de fleurs dans les cheveux. Des images qui ont choqué ou amusé mais qui sont restées en mémoire.  

Militante et artiste

« À travers ce que j’en voyais dans les médias, ce mouvement me laissait mi-fascinée, mi-perplexe. Et c’est en faisant des recherches que j’ai découvert Oxana Chatchko… confie la réalisatrice venue présenter son film aux Rencontres du Sud à Avignon. Et moi, j’aime les combattantes, les survivantes, fragiles et fortes à la fois ».  Et c’est vrai que le destin d’Oxana (magnifique Albina Korzh), opposante à Poutine et déçue par la religion, a de quoi impressionner. Après avoir quitté l’Ukraine, l’artiste rebelle s’est installée à Paris en tant que réfugiée politique, avec l’espoir d’intégrer les Beaux-Arts. Mais son amour pour l’art — ses œuvres feront l’objet de plusieurs expositions en France — ne l’empêche pas de continuer à militer pour le droit des femmes.

On regrette seulement que le montage du film aux allers et retours multiples entre La France et l’Ukraine, entre 2008, année de la naissance du mouvement, et 2018, celle de la mort d’Oxana, nous fasse parfois perdre le fil et surtout l’émotion. Mais l’histoire de cette artiste extrémiste, voire « sextrémiste » et sa vie engagée méritait bien un long-métrage.