Le Paris vide du Covid

Décor fantastique d’un Paris aux rues désertées / Photo : La Luna Distribution

Dans Ceci n’est pas une guerre, documentaire dans les salles de cinéma dès mercredi 16 avril, Magali Roucaut et Eric-John Bretmel recueillent des images surréalistes d’un Paris en plein confinement et témoignent de l’époque Covid.

Quand Magali Roucaut et Eric-John Bretmel se décident à sortir de chez eux malgré les interdictions et au prétexte de travailler pour réaliser un documentaire, ils filment un Paris aux allures de science fiction. Personne n’a oublié la période de confinement, du 17 mars au 10 mai 2020, quand la loi impose à chacun de rester chez soi. Réentendre Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, égrainer les mesures du confinement, fait froid dans le dos : le ton est grave et les règles à suivre pour éviter toute contamination sont strictes. 

Eric-John Bretmel documente la période en filmant d’abord ses propres gestes avec son smartphone : lavages méticuleux des mains, des produits achetés, des objets touchés… Puis le voilà qui s’enhardit et sort pour rejoindre son amie Magali Roucaut qui a posé ses caméras dans un Paris déserté, de Saint-Lazare à Bastille, en passant par la place de la Madeleine. On la sent plus téméraire, quand lui se montre très prudent, repoussant celui qui s’approche de trop près. La tension est palpable. Et c’est tout naturellement qu’Eric-John devient le personnage de leur film.

Pourtant, pour les deux réalisateurs — et quoiqu’en ait assuré Emmanuel Macron —, Ceci n’est pas une guerre. Et pour mieux appréhender leur point de vue, il suffit d’écouter les conversations téléphoniques entre Eric-John et son père hanté par la Seconde Guerre mondiale et dont les contrôles d’attestation de sortie rappellent les sinistres Papier bitte hurler par les soldats allemands pendant l’occupation. Pour beaucoup d’anciens, c’est ça, la guerre.