Frederico Luis interroge la capacité humaine en suivant un jeune homme, Simón de La Montaña, prêt à tout pour se faire accepté par une bande de jeunes handicapés mentaux. Le film est à découvrir sur les écrans de cinéma mercredi 23 avril.
Voici au moins trois bonnes raisons d’aller à la rencontre Simón de La Montaña de Frederico Luis. D’abord, ce film nous vient d’Argentine et ça ne nous arrive pas tous les jours de voyager au cœur de la Cordillère des Andes, même quand elle est brumeuse. Ensuite, il a remporté le Grand Prix de la Semaine de la critique cannoise 2024. Enfin, il met en scène un groupe de jeunes porteurs d’un handicap mental, comme on n’en voit pas dans le sympathique Petit truc en plus d’Artus. Parce qu’avec Frederico Luis, on ne rigole pas du tout — ou très peu —, et pourtant c’est tout aussi poignant.
Le héros du film s’appelle donc Simón (formidable Lorenzo Ferro) et il a 21 ans. On ne sait pas vraiment s’il a un léger retard mental, en tout cas, on le découvre au moment où il fréquente une nouvelle bande d’amis pas tout à fait comme les autres. Parmi eux, il se sent très bien et très motivé pour faire les quatre cents coups avec eux. Tellement bien que, sur les conseils de son nouveau copain Pehuen (Pehuén Pedie, tout aussi formidable), Simon va tout faire pour obtenir lui aussi un certificat d’invalidité, ce qui a de quoi inquiéter son entourage.
Frederico Luis donnait des cours de théâtre à des personnes en situation de handicap, lorsque Perhuen Pedie, qui incarne le meilleur ami de Simón, lui demande pourquoi il n’a pas de certificat d’invalidité… Une question qui amène le réalisateur à s’interroger sur la notion de capacité et incapacité humaine, et faute de certificat, l’incite à écrire Simon de la Montana. Et ça tombe bien parce que nous aussi on se sent bien avec le fameux Pehuen, la tendre Kiara (Kiara Supini) et tous ces jeunes gens un brin turbulents mais tellement naturels, tellement vrais… et pourtant capables de duper son monde. Il faut voir Simon réclamer son certificat d’invalidité en se prétendant comme aide-déménageur, ne sachant ni cuisiner ni nettoyer une salle de bains, mais pouvant faire un lit… Pendant un moment, on se retrouve dans le magnifique film de Boris Lojkine, L’Histoire de Souleymane, où un migrant réécrit sa vie pour avoir droit à des papiers.
- Simón de La Montaña de Frederico Luis (Argentine, 1h39) avec Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuén Pedie…