La sororité est au cœur du conte, Celle qui rêvait des tigres. Élodie Chan signe là une histoire fantastique dans une société traditionnelle dans laquelle les femmes n’hésitent pas à se transformer en sorcières pour devenir libres. Avec le violoniste, Aliocha Regnard, l’autrice lit des extraits de ce livre samedi 24 mai à la librairie Les 400 Coups au Havre pendant le festival Terres de paroles.
Une forêt sépare deux villages de tradition patriarcale. D’un côté se trouve Sel où les habitants vivent de la pêche. C’est sur la plage qu’ont été trouvées deux petites filles, Kishi et Nuna, par Tyee et Mei, devenus leurs parents adoptifs. De l’autre côté, il y a Fange, au pied du volcan. Là, les hommes ne peuvent échapper à leur destin. Tous doivent aller casser la roche dans le cratère pour la transformer en engrais. Un travail pénible les condamnant à mourir très jeunes à cause du soufre qui remplit leurs poumons. Waban, adolescent, refuse de descendre dans le volcan.
C’est le début de l’histoire captivante de Celle qui rêvait des tigres. Élodie Chan revient à ses thèmes favoris : la solidarité, la sororité, la quête de soi, le rapport à la nature et au corps, l’amour, le croisement des cultures. Ce conte, joliment illustré, est un récit initiatique. Kishi, adolescente solitaire, cherche les raisons de son abandon et refuse cette société trop violente, régie par les hommes. Waban qui ne cache pas ses faiblesses a beaucoup de points communs avec Kishi. Il ne trouve pas sa place dans sa famille et son village et veut échapper à cette vie déjà toute tracée. Pour l’autrice, ces deux êtres « portent l’espoir. Ils pensent que le patriarcat portent des valeurs néfastes autant pour les femmes que pour les hommes. C’est ensemble que l’on doit se battre ».
Éveil des sens
Présente lors d’une lecture à la librairie Les 400 Coups au Havre pendant le festival Terres de paroles avec Aliocha Regnard, Élodie Chan réunit ces deux adolescents et leur fait traverser cette forêt, un personnage à part entière. « C’est un parti pris. Elle influence les tempéraments et les sentiments. Comme les phénomènes météorologiques ».
Là, sont réfugiées les Oni Yama qui se transforment en tigre. « Elles en sont le symbole et une figure de la sorcière. Ce sont des femmes qui ont beaucoup souffert, qui n’appartiennent qu’à elles-mêmes et qui pensent uniquement à se protéger ». L’autrice n’occulte pas la violence dans les deux sociétés. « C’est un des thèmes centraux du roman. Mais je fais attention à mettre de la distance ou de la pudeur ».
Dans Celle qui rêvait des tigres, Élodie Chan opte pour une écriture libre en vers et en prose pour insuffler au lecteur et à la lectrice un rythme. Elle nourrit son récit de multiples symboles et emmène dans une nature dense et mystérieuse pour éveiller les sens.
Infos pratiques
- Samedi 24 mai à 17 heures à la librairie Les 400 Coups au Havre
- Gratuit
- Réservation en ligne