Une saison sans renoncement au Volcan

photo : Mélissa Waucquier

Une saison se termine, une autre s’annonce. La programmation du Volcan pour 2025-2026 est présentée jeudi 12 et vendredi 13 juin. Camille Barnaud, directrice, et l’équipe de la scène nationale du Havre dévoileront leur choix. 75 spectacles seront à découvrir.

Lorsqu’elle imagine une saison, Camille Barnaud a plusieurs points de repère en tête. Depuis son arrivée à la direction du Volcan, elle porte une certaine attention à la création en général — celle venant des compagnies régionales et celle aussi à l’adresse du jeune public, en particulier — aux spectacles protéiformes et à la dimension internationale de la programmation. « Il y a la volonté de vouloir présenter tout le panorama de la création contemporaine ». Avec cette saison 2025-2026, elle coche à nouveau toutes les cases.

Une autre donnée — et elle n’est plus si nouvelle — est à prendre en considération : les restrictions budgétaires dans une période d’inflation. « Nous savons que nos financements ne sont pas amenés à être ajustés et encore moins à être augmentés. Il faut faire avec et autrement ». Autrement, c’est travailler encore plus en amont et « organiser des tournées avec les collègues de la région et du pays pour mutualiser les coûts. C’est intéressant, cela multiplie les échanges entre nous ». Autre point positif : la réduction de l’impact environnemental.

Six créations

Pour autant, « nous n’avons pas renoncé », remarque Camille Barnaud. La saison 2025-2026 compte 75 spectacles et 256 représentations (77 et 267 la saison précédente). Elle réunit des artistes captivants avec des langages singuliers pour aborder les textes classiques et évoquer les problématiques contemporaines. Des classiques donc avec Aurore Fattier, directrice de la Comédie de Caen, s’empare du Dindon de Feydeau. Guy Cassiers, artiste associé au Volcan, met en scène Bérénice de Racine avec la Comédie-Française. Dans Dolorosa, Martial Di Fonzo Bo, directeur du Quai à Angers, crée une variation des Trois Sœurs de Tchekhov. Après Phèdre et Giselle, François Gremaud dresse le portrait de Carmen. David Lescot monte un Cendrillon de Pauline Viardot pour les enfants.

Un nouveau chiffre : 6, c’est le nombre de créations de cette prochaine saison. Et elles sont régionales, même havraises. L’une d’entre elles reste encore secrète. Ludovic Pacot-Grivel, directeur du théâtre des Bains-Douches, s’intéresse une nouvelle fois à l’adolescence avec 77, une adaptation du roman de Marin Fouqué. Nicolas Chaigneau de PJPP mêle chanson et danse dans un Récital sans méduses. When The Sun Goes In, ce sera avec Les Musiciens de Saint-Julien et Rosemary Standley dans un répertoire écossais et irlandais. La BaZooKa, toujours espiègle, imagine Le Spectacle qui n’existe pas. Juliette Fribourg et Shane Haddad de la compagnie Stadios, portent un regard sur la Formule 1 dans Virage.

Les temps forts

Ces deux derniers spectacles figurent dans Déviations qui « interroge le rapport entre la scène et la salle et les différents types d’adresse au public ». Lors de cet événement, les compagnies proposent des parcours particuliers lors de spectacles de théâtre et de danse. Julie Bertin et Jade Herbulot du Birgit Ensemble présentent Les Vies de Léon lors d’un exil forcé. Il est question de corps dans Tendre Carcasse d’Arthur Perole, de cartes à jouer dans Je suis 52 de la compagnie Yvonne III. Après le procès de Bobigny, Émilie Rousset, directrice du CDN d’Orléans, a exploré des archives d’Affaires familiales. Les Maladroits racontent Une Histoire autrichienne d’Arno Wögerbauer dans les années 1930 et 1940. Twentytwenty dévoile Les Songes d’Angèle où se croisent des créatures fantastiques et jouent Les Baigneurs. La compagnie Division de la joie a écouté la parole des enfants. L’atmosphère est étrange dans The Missing Door et The Lost Room, un huis clos cinématographique de Peeping Tom.

Cette nouvelle saison est marquée par le retour de la Compagnie XY pour effectuer Le Pas du monde (en photo), de Mohamed El Khatib qui a rencontré le danseur Israel Galván. Gisèle Vienne, autre artiste associée, crée une rave party dans Crowd. Dans Monarques, Emmanuel Meirieu croise deux chemins de migration des papillons et des réfugiés d’Amérique du Sud. Le Clan des songes révèle des intimités dans Faubourg. Il faut également noter la venue de la compagnie d’Alexander Zeldin, d’Ambra Sentore, d’Emma Dante, de Gaëlle Bourges, d’Amala Dianor. Tiago Rodrigues, directeur du festival d’Avignon, vient pour la première fois au Havre avec La Distance, un spectacle où il envoie une partie de l’humanité sur Mars.

Les spectacles pour le jeune public ponctuent la programmation du Volcan qui a accueilli 723 groupes et classes, de la crèche au lycée en passant par les instituts médico-éducatifs. 39 % du public a moins de 18 ans. Le Festival Ad Hoc est devenu un moment attendu. Il se tiendra du 29 novembre au 6 décembre dans quatorze communes de l’agglomération havraise et accueillera 17 spectacles.

Un pôle, deux salles

Avec la Comédie de Caen, la scène nationale du Havre est devenue un pôle international de production et diffusion en Normandie. Le ministère de la Culture en a désigné onze en France. « Nos deux structures ont pour ambition d’accompagner la jeune création régionale dans un développement  vers le national, l’européen, voire l’international afin de favoriser la circulation des œuvres et des idées », explique Camille Barnaud. Le soutien se traduit par une recherche de partenaires, un accueil en résidence et un regard sur la dramaturgie. Ce programme doit ainsi permettre aux deux lieux culturels de développer des projets normands.

Infos pratiques

  • Jeudi 12 et vendredi 13 juin à 19 heures au Volcan au Havre
  • Présentation gratuite
  • Réservation au 02 35 19 10 20 ou en ligne