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Blanca Li au Volcan : « chaque jour, nous nous tuons nous-mêmes »

photo JB Mondino

14 danseurs et un percussionniste sont sur scène pour célébrer la nature. Selon Blanca Li, il faut la sublimer pour prendre conscience de sa fragilité. Parce que, aujourd’hui, il y a urgence. Dans Solstice, une pièce chorégraphique interprétée jeudi 16 et vendredi 17 novembre au Volcan au Havre, la chorégraphe rappelle la relation essentielle entre la nature et les êtres qui doit à nouveau s’émerveiller de la douceur de la pluie, de la caresse du vent… Les corps des danseurs, en prise avec les éléments, partent à la recherche d’un équilibre. Entretien avec Blanca Li.

1 500 scientifiques du monde entier ont lancé un nouveau cri d’alarme sur l’état de santé de la planète. Quelle a été votre réaction ?

Cela fait un moment que nous entendons des cris d’alarme. Mais, à chaque fois, les états ne réagissent pas. Il y a encore trop de climatosceptiques. Pourtant, nous sommes confrontés à de réels problèmes environnementaux qui se multiplient sur la planète. Il est temps d’en prendre conscience. Qu’est-ce qui fait que certains veulent faire bouger les choses et d’autres, pas du tout ? Je ne sais pas. Mais je pense que changer nos gestes au quotidien peut contribuer à améliorer nos vies.

Lesquels ?

Il y en a beaucoup. On peut vraiment changer plein de mauvaises habitudes. L’utilisation des sacs plastiques, par exemple. Il faut aussi arrêter de gaspiller l’eau. Si on prend conscience de ces petits gestes, c’est déjà énorme. A côté de cela, il y a le problème de la circulation des voitures en ville. Nous constatons des pics de pollution et c’est grave pour notre santé. Chaque jour, nous nous mettons en danger. Quand on sort de soi, nous savons que l’air que nous respirons n’est pas pur. Même chose pour l’eau qui est polluée. Nous nous tuons nous-mêmes. Cela me donne envie de pleurer.

Est-ce parce que nous nous comportons comme des égoïstes ?

Non, je ne pense pas. Nous ne mesurons pas encore les réels problèmes, les changements climatiques. Nous nous disons aussi que nous sommes impuissants. Or, ce n’est pas vrai et c’est ce que je dis dans le spectacle. Certes il y a des enjeux et des intérêts économiques dans tout cela mais une modification des habitudes peut faire évoluer les états.

 

 

Évoquer la nature, c’est parler de l’essentiel ?

C’est parler des sens, des éléments, de la relation que nous avons avec la nature. Chacun doit y trouver un équilibre.

Est-ce que vous puisez votre énergie dans la nature ?

Oui, comme à nous tous. Et c’est magnifique. Nous avons une chance énorme d’avoir cette nature qui nous nourrit. Même si cette nourriture est encore aujourd’hui mal répartie sur terre. Il n’y en a malheureusement pas pour tout le monde.

Pour évoquer ce sujet, s’est imposée une danse organique ?

Oui parce que j’ai travaillé à partir d’images de la nature, de danses tribales qui sont souvent en lien avec la nature. Il y a la danse de la pluie, la danse des récoltes… Elles évoquent la beauté de la nature. C’était aussi mon envie. Je ne voulais pas seulement parler de destruction, de pollution, de choses déprimantes. Je suis persuadée que l’on peut encore changer le cours des événements.

Vous avez déjà travaillé sur le lien entre êtres humains et technologie dans un précédent spectacle. Est-ce qu’elle s’oppose à la nature ?

Non, je ne pense pas quand on réfléchit sur cette technologie. Elle peut nous permettre de mieux vivre en équilibre avec la nature, de moins polluer, de recycler les objets. Dans ce domaine, la recherche est très importante.

  • Jeudi 16 novembre à 19h30 et vendredi 17 novembre à 20h30 au Volcan au Havre. Tarifs : 33 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Jeudi 22 et vendredi 23 février à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : 32 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr