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Théâtre à Grand-Quevilly : Hervé Briaux, un mari arrogant

photo Pascal Victor/ArtComArt
LA REVOLTE D’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, mise en scene de Marc Paquien au theatre Des Bouffes du Nord du 02 avril 2015 au 25 avril 2015. Avec: Anouk Grinberg et Herve Briaux (photo by Pascal Victor/ArtComArt)
photo Pascal Victor/ArtComArt

C’est un drame magnifique. Félix est banquier imperméable à tout sentiment. Elisabeth est sa comptable et son épouse. C’est une femme soumise, méprisée depuis de nombreuses années. Trop d’années alors elle a décidé de vivre ses rêves, d’assouvir sa soif de liberté. Un soir, elle termine son travail, annonce son départ, prend sa valise et quitte le domicile. Quatre heures plus tard, elle revient. Elle fait le triste constat qu’il est trop tard pour mener une autre vie. Anouk Grinberg et Hervé Briaux forment ce duo dans La Révolte, un texte écrit en 1870 par Auguste de Villiers de l’Isle-Adam et mis en scène par Marc Paquien. Ils jouent jeudi 10 décembre au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Le comédien, au jeu physique, retrouve une agglomération qu’il connaît. Il y est venu régulièrement avec le metteur en scène Patrick Pineau.

 

Dans cette pièce, les personnages oscillent entre le silence et la violence.

Le personnage d’Elisabeth se met à nu. Elle n’a jamais raconté ce qu’elle a toujours ressenti. Elle se met à nu devant un homme qui l’ignore. C’est terrible. C’est d’une violence sans nom. Il fait comme si elle était folle. Son retour est une grande défaite. Son horizon est sombre. Elle n’a rien. Même pas la mort comme Emma Bovary.

 

Est-ce que vous l’aimez, ce personnage ?

J’aime ce personnage parce qu’il ne va vraiment pas bien. Il est complètement fermé, obtus. Il n’a pas de rêves, pas d’ailleurs. Avec lui, on est dans la non-sentimentalité. Les affaires sont les affaires. Il se sert aussi de sa femme. C’est grâce à elle si sa banque fait des profits. Mais il ne comprend pas ce qu’elle recherche.

 

Est-ce que cette pièce La Révolte est le reflet d’une époque ?

Pas seulement. Certes toute œuvre est le portrait d’une époque mais celle-ci a un caractère universel. Il y a toujours eu cette envie de rêve, d’être plus proche de la nature. Néanmoins, La Révolte est le reflet d’une société parce qu’on assiste au début de la finance. Au départ, Félix n’est pas un homme riche. Il s’enrichit grâce à sa petite banque de prêts et en profitant de la misère des gens. D’ailleurs, l’auteur était révolté contre cela.

 

 

 

 

Comment faut-il jouer un personnage aussi détestable ?

Le plus sincèrement et le plus simplement possible. Félix est un être monstrueux et ne comprends pas ce que sa femme lui dit. Je joue avec une partenaire formidable que j’aime beaucoup. Anouk est toujours juste. Elle est une comédienne engagée dans ce qu’elle fait. Je ne la quitte jamais des yeux. C’est facile de réagir.

 

Avec elle, c’est donc un réel face à face ?

Complètement. En fait, j’ai l’impression que la pièce dure seulement vingt minutes. C’est tellement intense. Je suis sur scène avec ma partenaire. Je la regarde… Anouk est tellement entière, tellement honnête. Elle n’admettrait pas que l’on ne donne pas tout.

 

Un tel duo demande également une mise en scène sobre.

Ce qui est formidable dans le travail de Marc Paquien c’est qu’il a axé son travail sur le texte. La pièce est tellement puissante et forte qu’il était nécessaire d’être dans la sobriété. L’auteur écrit aussi avec une technique particulière très difficile à jouer parce que la matière est très dense.

 

Est-ce cependant un rôle physique ?

Il n’y a pas d’effort physique à faire. Pourtant je sors de scène en sueur parce qu’il y a une telle tension tout au long de la pièce. Mentalement, c’est fatigant. Il ne faut jamais lâcher. Quand je joue, je pense toujours à ce que m’avait dit Michel Bouquet : si tu abandonnes une seule fois, tu ne seras jamais un grand acteur.

 

  • Jeudi 10 décembre à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly. Tarifs : de 19 à 11 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com