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Conférence au 106 : Le rock, les voitures et les filles

Une exposition, Rockabilly 82 avec les photographies de Gil Rigoulet et une conférence, It’s (not) only rock’n’roll ! pour comprendre le mouvement rockabilly. C’est avec Gildas Lescop, sociologue, spécialiste des sous-cultures, mercredi 24 janvier au 106 à Rouen.

photo Alexandra Czmil

Le rockabilly, c’est tout d’abord de la musique, « un genre particulier qui a les mêmes origines que le rock’n’roll dans les années 1950 ». Une caractéristique : « il est joué par des musiciens blancs ». Une particularité : « la contrebasse dans les groupes et la musique est plus sauvage ». Ce n’est pas tout. « Les influences du rockabilly viennent de la musique noire et blanche et on peut ajouter celles des églises avec les pasteurs qui se déchainaient jusqu’à la transe ». Après un essoufflement, le rockabilly connaît un certain revival dans les années 1970 en Angleterre, notamment les Stray Cats.

Lors d’une conférence, It’s (not) only rock’n’roll !, donnée en ouverture de l’exposition de photos prises par Gil Rigoulet, Rockabilly 82, le sociologue Gildas Lescop raconte ce pan de l’histoire musicale, cette longue traversée qu’il commence en 1954 avec la sortie de That’s all right (Mama) d’Elvis Presley et qu’il poursuit avec son arrivée en France dans les bases militaires. « A cette époque, le rock est considéré comme une grosse blague ».

« Un paradis perdu »

Si les Américains « créent » le rock’n’roll, les Anglais vont lui apporter une forme esthétique, facilement identifiable. Les Teddy Boys vont se vêtir de vestes et de pantalons un peu trop larges et aux couleurs voyantes et porter des chaussures avec de grosses semelles. « Pour leur look, ils vont prendre modèle sur les classes supérieures. Une manière de briser les barrières sociales. Ce qui choquait. D’autant que les Teddy Boys sont considérés comme de mauvais garçons, une menace pour la société. Ils remettent en cause la société des adultes ». Ils aiment les belles voitures, les loisirs, les filles.

Les filles justement… « On ne les voit pas beaucoup sur les photos de Gil Rigoulet. On assiste surtout à un mouvement masculin. Dans les années 1950, il n’était pas recommandé aux filles de traîner avec les garçons dans la rue. Peut-être qu’elles ne cherchaient pas à apparaître. Il n’y avait pas non plus de filles sur scène. Elles allaient néanmoins aux concerts. Elles dansaient. Les filles sont en effet les grandes oubliées de ces sous-cultures. Il n’y a pas de témoignages écrits, pas de photographies ».

Pour Gildas Lescop, le rock dépasse le champ musical. Il est le révélateur d’une époque. « Il dit beaucoup sur les rapports entre les Noirs et les Blancs — le rock est issu de ce mariage, entre les jeunes et les adultes, entre les garçons et les filles. Nous sommes dans l’avènement de la société de consommation. Aujourd’hui encore, le rock a une image de paradis perdu » avec ce temps de l’insouciance, de l’innocence, ces Happy Days…

  • Mercredi 24 janvier à 20 heures au 106 à Rouen. Entrée libre.
  • Exposition photo Rockabilly 82 de Gil Rigoulet, jusqu’au 24 mars, du lundi au vendredi de 13 heures à 19 heures, les jours de concert de 13 heures à 18 heures, au 106 à Rouen. Gratuit.