Les élèves du conservatoire de Rouen se confrontent à « Penthésilée »

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Pour leurs travaux de fin d’année, les élèves de la classe théâtre du conservatoire de Rouen, dirigés par leur professeure Caroline Lavoinne, relate un épisode de la Guerre de Troie, issu de Penthésilée de Kleist. Ce dernier rendez-vous du festival Sages comme des sauvages se tient jeudi 30 juin, vendredi 1er et samedi 2 juillet au CDN de Normandie Rouen.

Après deux textes contemporains de Sufo Sufo et de Sony Labou Tansi, ce sera une œuvre classique pour terminer cette année au conservatoire de Rouen. Caroline Lavoinne a choisi pour ses élèves apprentis comédiennes et comédiens Penthésilée de Heinrich von Kleist. « C’est une grande épopée, un état de guerre avec un campement de femmes et un autre d’hommes. Nous avons regardé comment chaque espace vit et comment chacune et chacun vivent à l’intérieur ».

L’histoire : la reine Penthésilée prend part à la guerre avec ses Amazones. Ces femmes s’attaquent aussi bien aux Troyens qu’aux Grecs, seulement les hommes et les garçons. Ensemble, elles gagnent des combats mais subissent des revers. Pas de conflit sans histoire d’amour : Penthésilée est éprise d’Achille qui en fera sa prisonnière. Cet épisode de la Guerre de Troie va se terminer de manière tragique.

« C’est un très beau texte, riche et dense, aussi une pièce rythmée avec parfois des parties empreintes d’un grand lyrisme ». Pour la professeure, la difficulté a été d’effectuer des coupes dans cette histoire. « Il est important de garder la fable, une avancée dramatique. Je privilégie toujours le sens ». Manon, élève de troisième année, a « eu davantage de mal avec l’écriture de Kleist. Il y a beaucoup de narration ». Le rythme de Penthésilée a été l’écueil pour Maxime, en deuxième année. « Il doit être soutenu pour préserver le côté explicatif ». Pour Yacine, en première année, la difficulté est ailleurs. « Nous avons chacun notre propre vision des choses. Se mettre d’accord sur la mise en scène, les costumes a pris du temps. Il a fallu trouver une homogénéité ». Le texte a fait l’unanimité au sein de la classe. Yacine a notamment apprécié cette œuvre où « chaque scène a un enjeu et est une petite histoire ». Les 17 élèves l’ont regardée chacune et chacun avec « son imaginaire, ses références, ses rêves…  ».

Une lutte au féminin

Pour ces travaux de théâtre, présentés du 30 juin au 2 juillet au CDN de Normandie-Rouen, il y a — et c’est rare — les filles d’un côté et les garçons de l’autre. Avec tout de même « une micro compétition » entre les unes et les autres. « Noémie (une des élèves, ndlr) a créé tous les costumes des Amazones. Elle les a cousus à la main. Pour les Grecs, c’est de la récup’ », remarque, amusée, la jeune comédienne.

Les apprenties ont abordé l’œuvre de Kleist en pensant aux divers combats féministes. « En tant que femme, on ne peut que s’identifier à ces Amazones, confie Manon. Quand nous avons commencé à réfléchir sur cette pièce, à cette façon dont elles affrontent les hommes, nous avons installé un lien de sororité, de solidarité face aux Grecs ». Quant aux garçons, ils sont « un peu moins fusionnels, estime Maxime. Dans ce groupe, il y a une hiérarchie et moins ce côté fraternité. À deux ou trois moments, nous essayons de trouver des liens. Nous sommes des soldats ».

Dans Penthésilée, les personnages sont des guerriers et des guerrières. « La tragédie est avant tout violente avant d’être romantique. Ce n’est pas Roméo et Juliette », commente Caroline Lavoinne. Le pouvoir passe avant l’amour.

Infos pratiques

  • Jeudi 30 juin et vendredi 1er juillet à 19 heures, samedi 2 juillet à 18 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen
  • Durée : 1h45
  • Spectacle gratuit
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr