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Vesna Stefanovska soutient la candidature de Rouen

photo : Patrizia Di Fiore

La liste des marraines et parrains s’allonge à quelques semaines du dépôt du premier dossier de candidature de Rouen comme Capitale européenne de la culture 2028. Vesna Stefanovska vient apporter son soutien. La plasticienne, originaire de La Macédoine du Nord, vient « s’évader » en Normandie.

Quand elle a besoin de prendre l’air, Vesna Stefanovska vient en Normandie. C’est son « échappatoire ». L’artiste, désormais parisienne, a tout d’abord appris à apprécier la pluie. « Chez moi, quand il pleut, on ne sort pas. On attend que ça s’arrête. Ici, non. Les gens vont à la plage. Au début, je trouvais cela très bizarre ».  Elle y a aussi découvert une lumière. « Un soir, j’étais chez des amis. La nuit était tombée et il y avait toujours de la lumière. Je comprends mieux maintenant pourquoi la Normandie est le berceau de l’impressionnisme. On ne peut pas rester indifférent à ces paysages changeants. Cela crée une dynamique et façonne un regard ».

Pour cette plasticienne qui travaille sur l’identité, la matière et le processus de perception du temps et de l’espace, les variations de lumière en Normandie nourrissent son imaginaire. « Je m’intéresse à la façon dont les objets changent nos rapports dans l’espace et sont confrontés à la lumière. J’utilise pour mes sculptures des matières réflectives. Les objets se réfléchissent et réfléchissent l’entourage ». Vesna Stefanovska les installe dans un espace animé par des images pour « donner un contenu et un rythme » et « créer une expérience ».

« Comme dans un rêve »

La sculptrice est venue à Rouen pour la première fois en 2002 pour les besoins d’une installation. « Il me fallait des images d’un paysage qui défile. Je suis allée à la gare Saint-Lazare. Là, je n’ai pas demandé une destination précise mais un billet pour faire au maximum un voyage d’une heure et demie pour l’aller et le retour. Ce qui a beaucoup surpris la personne au guichet. Alors, j’ai regardé le tableau d’affichage des prochains départs et j’ai dit au hasard : donnez-moi un billet pour Rouen. Je suis montée vite dans le train avec ma caméra et j’ai filmé par la fenêtre ce paysage et cette lumière qui jouait sans cesse des tours. Arrivée à Rouen, j’ai descendu la rue vers le centre-ville. Après avoir été sous pression pour le tournage pendant le trajet, j’avais l’impression d’être comme dans un rêve. Pour moi, Rouen a été une errance, une aventure avec la lumière et une découverte des rues et des façades ».

C’est tout naturellement qu’elle a accepté cette proposition de devenir marraine de la candidature de Rouen comme capitale européenne de la culture 2028. « Je suis très honorée. C’est, pour moi, un projet qui offre une possibilité d’échanges et de collaborations. C’est grâce aux échanges que je me suis construite ».

Créer des ponts

Vesna Stefanovska, une femme curieuse, contemplative et amoureuse de la langue française, est née à Skopje en Macédoine du Nord dans un pays qui s’appelait encore la Yougoslavie. Elle mène des études à l’école supérieure d’architecture et à l’Académie des Beaux-Arts. « Mes parents n’étaient pas d’accord avec ce choix. À cette époque-là, tout s’écroulait. Nous n’avions plus de perspectives alors j’ai voulu faire ce qui me plaisait. Et je suis devenue encore plus curieuse ».

En 1997, elle part à Prague en République tchèque où elle réussit son diplôme de recherche en sculpture universelle et nouveaux médias à l’Académie des arts décoratifs. Elle arrive ensuite en France « sans connaître un mot de français » pour se former en gestion culturelle à l’institut d’études européennes à l’Université de Paris 8. Elle y est restée pour travailler. « Mon atelier, c’est ma solitude »

Vesna Stefanovska aime « être dans une dynamique, partager. Je viens avec mon énergie, mon expérience et mon réseau. Je souhaite œuvrer à un rapprochement entre mes deux cultures » en tant que marraine.