Joël Alessandra : « mon vécu transparaît dans le dessin »

photo : Guillaume Estève

Il donne ses couleurs à cette nouvelle adaptation d’un roman de Michel Bussi. Pour On la trouvait plutôt jolie, Joël Alessandra fait redécouvrir l’Afrique et les quartiers de Marseille (où il est né d’ailleurs). C’est le trait qu’il fallait et le charme de la couleur directe pour l’histoire d’une femme de ménage, mère de trois enfants qui cache un lourd secret.

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

C’est Lætitia Lehmann, ancienne éditrice chez Casterman, qui a pensé que j’étais la personne idéale pour cette histoire ! J’ai lu le roman et j’ai présenté le projet à Michel Bussi qui a accepté. Ce n’est pas la première fois que je travaille sans scénariste. Je l’avais déjà fait avec Le Périple de Baldassare d’Amin Maalouf, par exemple.

Il fallait quelqu’un qui sache figurer l’Afrique. Cela tombait bien…

Je voyage beaucoup ; et notamment en Afrique. Je reviens d’ailleurs du Sénégal et repars en Mauritanie. Il est vrai que c’est ce côté qui m’attire le plus dans cette adaptation du roman. Plus que le côté polar. Mais en lisant l’histoire, je me suis pris au jeu. Il faut dire qu’il se passe quelque chose à chaque page.

Et passer de ce roman à la bande dessinée, est-ce une vraie difficulté ?

Oui,  c’est une difficulté dans ce cas car il ne faut pas que le lecteur comprenne avant la fin. Comme pour le roman… Il faut donc montrer des lieux mais trouver aussi des parades quand c’est nécessaire. Pour les personnages, c’est la même chose. Il y a des choses à ne pas montrer ! J’ai fait valider le storyboard à Michel Bussi qui n’a d’ailleurs quasiment rien changé. Il n’avait pas imaginé Leyli comme ça mais il m’a dit : « ton choix est excellent ». Au final, je trouve les moyens pour que tout s’enchaîne tout en restant fidèle à l’auteur…

On sent que vous vous régalez à peindre l’Afrique sub-saharienne. Vous avez recyclé vos images de voyage pour l’occasion ?

Quand je pars, je prends toujours 2 crayons B, 2 pinceaux et une boîte d’aquarelle et je peins souvent. Je suis une éponge et j’essaie de capter l’ambiance, l’atmosphère, les couleurs… Je me régale. Mais ce que j’ai fait pour On la trouvait plutôt jolie est différent et je ne peux pas le reprendre tel quel.  Mais bien sûr, cela m’inspire davantage que si l’on me demandait de faire Berlin dans les années 1930…

On la trouvait plutôt jolie est un livre à suspense mais aussi un livre sur l’immigration. Un thème qui ne vous est pas étranger non plus…

J’ai vu des migrants en Afrique. J’ai vu comment ils voyageaient, comment ils étaient transférés par camion. Mon vécu transparaît dans le dessin et crédibilise le récit. C’est là notamment que j’ai vu que Michel Bussi était hyper-documenté même si son histoire est inventée…

Propos recueillis par Hervé Debruyne

  • On la trouvait plutôt jolie de Joël Alessandra, 144 pages, Editions Michel Lafon