Marquet, un peintre avec des « obsessions »

Albert Marquet, Rouen, quai de Paris, (Lyon, musée des Beaux-Arts)

C’est une promenade avec un peintre qui a porté un regard très personnel sur La Percaillerie, Le Havre, Honfleur, Fécamp, Dieppe et Rouen. L’exposition, Marquet en Normandie, est présentée jusqu’au 24 septembre au MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre.

Marquet en Normandie… avec néanmoins une escapade à Paris. C’est en effet dans la capitale que commence l’exposition du MuMa au Havre, consacrée à Albert Marquet (1875-1947), avec ce tableau, Notre-Dame de Paris sous la neige. Cette œuvre de 1916 vient compléter la collection du musée, déjà riche de 14 peintures, 23 dessins et une estampe, réunie après de nombreux dons et deux acquisitions. 

Comme beaucoup d’artistes, Albert Marquet a été séduit par la Normandie où il effectuera sept séjours. « Il ne viendra jamais seul. À chaque voyage, il est accompagné d’un peintre ou d’un ami », rappelle Sophie Krebs, co-commissaire de l’exposition et conservateur général du patrimoine. Le premier se fera durant l’été 1903 avec Henri Manguin à La Percaillerie, tout près de Flamanville. Albert Marquet peint là ses premiers paysages, des falaises sombres et inquiétantes face à une mer sauvage, un site industriel construit sur la côte avec cette haute cheminée imposante. 

Albert Marquet, à La Percaillerie

Ce sont les motifs récurrents des peintures d’Albert Marquet, « des obsessions », selon Sophie Krebs. « Ces compositions sont traversées par une diagonale qui représente un horizon. Il y a un premier plan et un arrière plan. Il a aussi besoin de verticales. S’ajoute tout le travail sur la couleur. Il a gardé une gamme chromatique particulière. On retrouve ce rose et des teintes pastel ». Le peintre, né à Bordeaux, est captivé par la mer et les fleuves. « L’eau est le lieu de reflets où tout vient se liquéfier et où il peut jouer avec les couleurs ». Avec l’eau, il y a les paysages portuaires, les hangars, les bateaux, les ponts, les bassins, le rivage… 

Albert Marquet n’appartient pas à la famille des impressionnistes. Comme ces peintres, il travaille cependant à l’extérieur, sur les mêmes motifs et par série avec différents points de vue. Il reste, pour Sophie Krebs, « l’un des meilleurs paysagistes de la première moitié du XXe siècle. Il simplifie mais n’invente pas. Il synthétise ce qu’il voit, un peu moins à la fin de sa vie. On remarque une plus grande finesse dans les traits, un plus grand intérêt pour les ombres portées qui deviennent un élément décoratif ». Autre constante : l’œuvre d’Albert Marquet, qui emmène de La Percaillerie jusqu’à Rouen, en passant par Trouville, Honfleur, Le Havre, Fécamp et Dieppe, est empreinte d’une profonde mélancolique et insuffle un silence apaisant.

Albert Marquet, Le Quai du Havre, 1934, (Liège, musée des Beaux-Arts)

Infos pratiques

  • Jusqu’au 24 septembre, du mardi au vendredi de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures, au MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre
  • Tarifs : 10 €, 6 €
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou www.muma-lehavre.fr