Inventer une vie pour survivre

Photo : Ella Bats

Du théâtre et des chansons pour raconter l’histoire de Sybille qui se crée un personnage mystérieux pour traverser une tragédie. Dans Ta Peau de la compagnie Fugitive lance À Vif le festival du Préau à Vire autour de l’adolescence.

Dans Ta Peau raconte l’histoire d’une femme qui invente sa vie pour ne pas mourir. Sybille, musicienne, se retrouve seule après avoir perdu son amour. Celui-ci est parti sans prévenir et sans laisser un mot. Ensemble, ils étaient à la tête d’un groupe de rock. La jeune femme va alors se réfugier dans un appartement, un lieu qui « agit comme un révélateur, indique Julie Ménard. Depuis son enfance, elle entend une voix qu’elle a toujours essayé de faire taire ». Pas cette fois-ci. La voix lui trace une autre vie. Sybille se métamorphose, se crée un personnage aux allures androgynes, Phoenix, dans lequel elle va se retrouver prisonnière. Elle compose un album et connaît le succès. Mais à quel prix…

Julie Ménard et Romain Tiriakian ont écrit Dans Ta Peau, un spectacle de théâtre musical joué en ouverture du festival À Vif au Préau à Vire. Elle signe le texte, lui, les chansons. Presque sept années ont été nécessaires pour imaginer cette création. « Nous avions envie de prendre du temps et nous avions aussi besoin de ce temps pour grandir, pour que mon écriture grandisse. Des choses sont inspirées de nous et de nos vies ». C’est aussi une première mise en scène pour l’autrice. « Cette pièce ne ressemble pas du tout aux précédentes. Je me suis autorisée une plus grande liberté. J’ai joué avec les codes ».

Comme un vinyle a deux faces, Dans Ta Peau est un parcours initiatique en deux parties. La première est proche du biopic et la seconde se déroule dans le moment présent et sur une scène de concert. Elles racontent la métamorphose d’une femme et l’apparition d’une artiste, cachée derrière un masque d’oiseau. Comme David Bowie, Phoenix trouve sa voie dans ce double mystérieux porté par une musique électronique. Si l’écriture et la composition la sauvent de ce chagrin et la rendent célèbre, elles lui demandent de grands sacrifices et l’emmènent peut-être vers la folie.

Infos pratiques

  • Mardi 9 mai à 20h30 au Préau à Vire
  • Durée : 1h30
  • Spectacle à partir de 14 ans
  • Tarif : 5 €
  • Réservation au 02 31 66 66 26 ou sur www.lepreaucdn.fr

Six spectacles au festival À Vif

La saison du Préau, le CDN de Normandie-Vire, se termine avec le festival À Vif, imaginé, comme le souligne Lucie Berelowitsch, tel « un endroit de rencontre, de points de vue et de pensées ». Il est un prolongement du festival ADO. « Nous avons souhaité le faire évoluer à l’aune de notre projet. Nous voulons garder ce lien fort à l’adolescence et au territoire. Il est pour et avec les adolescents et avec les adultes. Nous avons aussi transformé le nom du festival parce qu’un adolescent de 12 ans n’est pas le même que celui de 17 ans. Le rapport au corps et à aux autres est autre. C’est comme l’émergence au théâtre ».

Pour cette édition 2023, la directrice du Préau a choisi le thème de la métamorphose. « Au départ, il n’y a jamais de thématique préconçue. Nous trouvons des spectacles qui nous touchent et nous intéressent et qui ont un point commun ». Six spectacles composent À Vif. Le premier, Dans Ta Peau de la compagnie La Fugitive est un conte théâtral et musical. Das Plateau dresse dans Pénélopes une série de portraits d’héroïnes contemporaines anonymes. Laurine Le Bris-Cep porte un regard sur la jeune ado qu’elle était dans Lettre à moi (plus tard). Abysses, un texte de Davide Enia mis en scène par Alexandra Tobelaim, décortique une relation entre un père et son fils. La famille, il en est aussi question dans Maryvonne de Camille Berthelot. Dans Niquer La Fatalité, Estelle Meyer retrace le parcours de l’avocate, Gisèle Halimi.

Le festival À Vif se déroule au Préau à Vire, aussi dans les collèges et lycées et autres lieux de la ville et dans le Bocage. Il y a, d’un côté, les spectacles et, de l’autre, des échanges et les rencontres avec les artistes.

Le Festival