Olivia Martin-McGuire : « j’ai compris ce que signifie le mot liberté »

dessin : Agnès Patron

Freedom Swimmer raconte l’histoire d’une quête de liberté, celle d’un homme qui tente l’impossible pour quitter la Chine et atteindre Hong Kong et celle d’une jeune femme confrontée à de nouvelles politiques de restriction à Hong Kong. Ce sont deux histoires vécues par un grand-père et sa petite-fille à quelques dizaines d’années d’intervalle. Dans ce court métrage présenté lors de l’acte 3 du Courtivore mercredi 17 juin au cinéma Ariel à Mont-Saint-Aignan, Olivia Martin-McGuire, scénariste et réalisatrice australienne, met en parallèle le passé et le présent, des images d’animation réalisées à la peinture sur du papier noir et des scènes tournées, un univers onirique et une réalité. Entretien.

Vous avez habité en Chine et à Hong Kong. Quels souvenirs gardez-vous de ces séjours ?

J’ai vécu en Chine et à Hong Kong pendant cinq ans. Ce fut une période incroyable. Là-bas, le flot de culture est vivifiant et dynamique. Les personnes sont très chaleureuses et généreuses. J’ai gardé de très bons souvenirs.

Comment est venue l’idée du scénario de Freedom Swimmer ?

C’est un ami qui m’a soufflé cette idée. Il voulait raconter cette histoire mais il pensait que cela ne se ferait pas sans conséquence. Ce qui m’a frappé, ce sont les parallèles entre cette histoire du Freedom Swimmer et celle de jeunes manifestants dans les rues à l’époque. Il y avait en effet un parallèle dans le langage qu’ils utilisaient, dans les gestes qu’ils faisaient, dans cette façon d’être et de manifester sans leader.

Avez-vous écrit le scénario à partir de témoignages ?

Oui. Ce film est un documentaire. Chaque mot employé provient déchanges qui ont été menés. C’est tout à fait factuel. Ce qui m’a le plus ému, c’est cette idée : quand vous n’avez plus d’espoir, vous n’avez plus peur. Les personnes n’hésitent pas à tout laisser derrière elles et à risquer leur vie pour trouver la liberté. J’ai compris ce que signifie le mot liberté et ce qu’est cette profonde nécessité de partir.

Pourquoi avez-vous choisi de mélanger des séquences tournées et des images d’animation ?

Pour moi, les séquences animées devaient représenter les histoires du passé et les images actuelles, la voix du présent. De cette façon, il était possible de montrer les expériences de chacun et le fait qu’un traumatisme peut ressurgir de manière cyclique. Au début du travail nous devions adapter les scènes du passé. Mais la pandémie est arrivée et a contrarié nos projets. J’ai alors fait appel à une dessinatrice. Ce fut une belle rencontre avec Agnès Patron. Elle a opté pour un principe : peindre la lumière sur du papier sombre. Tout se déroule ainsi dans l’obscurité. Ce fut incroyable de travailler auprès d’elle.

Pourquoi avez-vous confronté le passé et le présent ?

Je me suis toujours intéressé aux histoires intergénérationnelles. J’ai travaillé comme photo-journaliste et je me suis aperçue que nous pouvons porter rapidement des jugements. Nous avalons aussi rapidement les informations et les histoires. Or, pour comprendre véritablement le présent, nous devons regarder vers le passé. Pour être en empathie, il faut également comprendre d’où viennent les gens.

Quel regard portez-vous sur ces migrations aujourd’hui ?

C’est un sujet tellement complexe. Ce n’est pas noir ou blanc. Je ne suis pas experte en la matière mais il semble que ce soit une crise qui s’aggrave. Il est important de comprendre pourquoi tous ces gens fuient leur pays avant que des murs se construisent pour les enfermer. Je pense que c’est une chose qui pourrait nous arriver à tous.

La programmation

  • Les Silencieux de Basile Vuillemin
  • Les Algues maléfiques d’Antonin Peretjatko
  • Freedom Swimmer d’Olivia Martin-Mac-Guire
  • Les Désancré.e.s de Laura Lambert et Hélène Manescau
  • La Valise rouge de Cyrus Neshvad
  • & (Esperluette) de Léo Blandino

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