Nikos Aliagas écrit un récit photographique personnel du célèbre héros de l’Odyssée d’Homère. Il raconte l’exil, l’absence, l’espoir, les rencontres dans cette magnifique exposition, Le Spleen d’Ulysse, qui se tient jusqu’au 7 janvier 2024 à l’abbaye de Jumièges.
L’Odyssée d’Homère, c’est une découverte d’un ailleurs et un voyage intérieur parcourant les diverses étapes de la vie. Avant de revenir à Ithaque, Ulysse a traversé de multiples paysages et surmonté de terribles épreuves. Durant ces dix années d’errance et d’exil, il a espéré son retour, ressenti l’absence, le désespoir et la nostalgie de cette vie sur son île auprès des siens. Un sentiment que partage Nikos Aliagas. « Je porte l’exil d’un père venant d’un autre pays. En moi, il y a le manque d’un ailleurs, d’un état d’esprit. J’ai cette volonté de me reconnecter à quelque chose qui m’échappe depuis ma naissance ». C’est l’histoire que le photographe, aussi acteur du paysage audiovisuel français, raconte dans Le Spleen d’Ulysse à l’abbaye de Jumièges.
« Quand je suis arrivé pour la première fois, j’ai été subjugué et impressionné par cet endroit. Je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir raconter de plus dans ce lieu plus fort que moi, dans cette histoire plus grande que la mienne. J’ai alors pensé à celles et ceux qui ont une culture et une vision à partager, qui laissent des traces. Cela renvoie à la condition humaine, à ce qui résiste au temps, à un travail d’apprentissage, au voyage ».
La figure du héros légendaire grec s’est ainsi imposée pour cette exposition, à découvrir jusqu’au 7 janvier 2024. Les photographies de Nikos Aliagas, prises sur les pourtours de la Méditerranée, au Costa Rica, à La Réunion, en Normandie, évoquent les différents épisodes de l’Odyssée : les plages où a pu s’échouer Ulysse, les épaves de sa flotte, la rencontre avec Polyphème, le cyclope, l’enchanteresse Circé, les envoûtantes sirènes et la belle Calypso. Sans oublier les retrouvailles avec son chien, sa nourrice et Pénélope.
Un témoin
Il y a certes cette histoire mais aussi une démarche autobiographique. Pour Nikos Aliaga, la photographie est un espace de liberté. « Sinon, j’ai l’impression d’être enfermé dans un cadre », celui de la télévision. Depuis l’enfance, il garde en tête une foultitude d’images. « Le soir, sur le chemin de l’école, je rembobinais des centaines d’images de la journée. Comme un film. J’ai maintenant un disque dur de plusieurs gigas ». Dans sa pratique de photographe, il n’a pas perdu cette habitude. Il suit son instinct, veut être « dans une réalité et un témoin pour garder vivant ce qui est de passage ». Il capte alors des instants de vie et y porte un regard le plus souvent mélancolique, accentué par le choix du noir et blanc.
Un appareil entre les mains, Nikos Aliagas provoque la rencontre pour entamer « un dialogue photographique. Je ne suis jamais là pour juger mais pour ressentir. Et je peux ressentir une solitude, une douleur… Je suis à la recherche des contours intérieurs ». Il y a beaucoup de pudeur et de bienveillance dans les portraits d’hommes et de femmes aux visages marqués par le temps. Il y ajoute de la tendresse pour cette « Pénélope », rêveuse, devant son ouvrage et surveillée par ses prétendants.
La photographie, ce sont enfin « des signes tout le temps, des signes du destin. Comme des balises ou les pierres du Petit Poucet. Les révélations viennent plus tard. Il faut savoir les attendre ».





Infos pratiques
- Jusqu’au 7 janvier 2024 à l’abbaye de Jumièges
- Ouverture tous les jours de 9h30 à 18h30 jusqu’au 15 septembre, de 9h30 à 13 heures et de 14h30 à 17h30 du 16 septembre au 31 octobre
- Tarifs : 7 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi et bénéficiaires de minima sociaux, les personnes en situation de handicap
- Renseignements au 02 35 15 69 11 ou sur www.abbayedejumieges.fr