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Rémy Berthier : « je dévoile et j’enfume »

photo : Thomas O Brien

Rémy Berthier l’annonce d’emblée. Hallucination n’est pas un spectacle d’hypnose mais sur l’hypnose. Là, pas de certitudes mais des interrogations sur un état qui reste mystérieux. Le magicien et mentaliste revient sur les préjugés et les fantasmes d’une pratique à travers des expériences interactives et amusantes. Hallucination est à vivre samedi 2 et dimanche 3 septembre au cirque-théâtre à Elbeuf. Entretien avec Rémy Berthier.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’hypnose ?

Je suis magicien de formation et je donne des spectacles de mentalisme. À l’issue des représentations, il y a toujours un temps d’échange sur les techniques de manipulation. Lors de ces moments, les spectateurs me parlent beaucoup de l’hypnose. Ils me demandent : est-ce vrai ou faux ? Est-ce que les gens font semblant ? Ce sont des questions qui m’intéressent. En fait, le mentalisme m’a amené à l’hypnose. 

Peut-on définir l’hypnose comme un état ?

C’est plus qu’un état, c’est une croyance. En fait, l’hypnose est un mot valise parce que chacun a ses croyances. On est sous hypnose quand on affirme que l’on y est. Elle commence quand on y croit. Cela reste un témoignage. On peut évoquer des signes extérieurs, comme des paupières qui clignent, mais ceux-ci restent discutables.

Dans Hallucination, vous soulevez alors différentes questions.

Pour cette création, j’ai travaillé avec Pauline Picot qui a écrit Magnétisme, électricité, spiritisme : l’imaginaire du fluide dans le théâtre du XIXe siècle. Elle et moi avons un rejet des spectacles traditionnels d’hypnose. Je suis allé en voir plein dans les salles, dans les campings… Et j’ai vu des spectateurs qui font la poule ou se croient tout nus et d’autres qui rient face à ces personnes humiliées ; même si elles sont consentantes. Ce sont des situations qui me gênent. Pour écrire Hallucination, je me suis posé une question : comment imaginer un spectacle dans lequel personne n’est humilié et l’hypnotiseur n’est pas un homme avec des yeux qui font peur, une grosse voix et un pantalon en cuir ?

Est-ce que votre objectif a été de révéler « les coulisses » ?

Je dévoile et j’enfume en même temps. Je vais poser des questions sur l’hypnose et je vais utiliser les outils que je connais bien, ceux de la magie et du mentalisme. Mon but est de voir ressortir des personnes troublées parce qu’elles remettent en cause leur propre capacité à croire. Je donne des clés d’explication sur les techniques de l’hypnose et je vais taquiner les gens sur ce qu’ils voient. Mon métier est le même : je reste un escroc.

Faut-il faire confiance à cet escroc ?

Non, il n’y a pas besoin de lui faire confiance. Quand une personne prend une place pour un spectacle, elle paie pour qu’on lui mente. Des choses arrivent et elle y croit. Elle est consentante. C’est du spectacle.

Le public va-t-il alors connaître un état d’hypnose ?

C’est la promesse du spectacle : vivre un état d’hypnose. Il faudra être réceptif à des suggestions. Alors peut-être pas celles auxquelles on croyait assister.

Infos pratiques

  • Samedi 2 septembre à 18 heures, dimanche 3 septembre à 17 heures au cirque-théâtre à Elbeuf
  • Durée : 1 heure
  • Entrée gratuite
  • Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce

Bords de Seine

La saison du cirque-théâtre commence les 2 et 3 septembre avec deux spectacles gratuits. Rémy Berthier explore l’état d’hypnose dans Hallucination. La compagnie El Nucleo reprend le 2 septembre à 16h30 et le 3 septembre à 15h30 dans la ville d’Elbeuf Marelle, un spectacle empreint de métaphores sur la vie. Sur un agrès en forme de marelle géante, six acrobates racontent les espoirs de jeunesse et les doutes qui ont suivi. Avec eux, l’insouciance et l’audace sont encore là.