Fleuves : c’est la thématique retenue, en lien avec celle de Rouen 2028, pour La Ronde 2023, le festival d’art contemporain de la Réunion des musées métropolitains. Six artistes partagent jusqu’au 5 mars 2024 leur regard sur les cours d’eau tout en tissant un lien avec les collections du lieu d’exposition.
Baptiste Carluy au musée industriel de la Corderie Vallois
Baptiste Carluy donne à voir ses trophées de pêche au musée industriel de la Corderie Vallois. Un lieu idéal pour cet artiste et pêcheur puisqu’il s’est autant inspiré de l’histoire, si présente, de l’ancienne fabrique, et de la nature environnante, notamment du passage du Cailly. Il existe différentes manières de représenter un poisson. Baptiste Carluy a préféré le gyotaku, une technique traditionnelle d’empreintes datant du XIXe siècle. Celle-ci consiste à encrer un véritable poisson pour le reproduire avec précision sur papier. Pas vu, pas pris, un titre emprunté à un documentaire sur un pêcheur, aux pratiques illégales, est une série de sept tableaux où l’artiste « met en lumière ce qui est invisible », l’éco-système des cours d’eau. Aux poissons, il ajoute une faune, presque fantastique, et des cordes. Des cordes, il y en aussi dans cette œuvre installée près des machines. Là, elles dansent aux rythmes la flûte d’une femme enchanteresse.
Alioune Diagne au musée des Beaux-Arts
Alioune Diagne, artiste sénégalais, marche sur les traces des peintres impressionnistes pour aborder des sujets d’actualité et les difficultés de son pays. Saisi par l’effervescence de la vie le long du fleuve Sénégal, le peintre représente des tranches de vie quotidienne. Loin des scènes de promenades et des paysages paisibles de ses prédécesseurs. Les couleurs lumineuses d’Alioune Diagne contrastent avec les souffrances de la population. Les pêcheurs s’inquiètent de la pollution, la surpêche et des obligations d’envoyer à l’export le fruit de leur travail. Les femmes se retrouvent au bord de l’eau pour laver le linge. Il y a aussi sur une frêle pirogue avec ce groupe espérant rejoindre l’Europe et ces enfants, plein d’innocence, en train de jouer dans l’eau. Sur chaque toile, Alioune Diagne qui s’inscrit dans un mouvement figuro-abstro dessine une multitude de signes, issus d’un alphabet inventé, pour laisser apparaître l’essentiel de son message.
Sandrine Reisdorffer au musée des Beaux-Arts
« Nous sommes dans un flot d’images. Et si je devais en extraire une de ce fleuve… » Réponse de Sandrine Reisdorffer dans Véronique ou l’image vraie, une vidéo, présentée comme tout portrait, qui montre un visage de femme, avec un regard fixe. Avec cette œuvre, l’artiste a souhaité « être dans la matérialité et reprendre les codes de la peinture classique pour les interroger. Cela inscrit dans une histoire ». Au fil des images, le visage se couvre d’un bleu outremer, « beaucoup utilisé pour les Vierges dans les représentations religieuses ». Dans ce selfie, le but n’est pas de montrer le meilleur de soi-même mais un visage qui se déforme.
Natalia Jaime Cortez au musée des Beaux-Arts
Le travail de Natalia Jaime Cortez est lié à la performance avec le papier, les couleurs et l’eau. Dans son installation, elle présente une ancienne photographie de voyage en Syrie. « Elle est restée pendant longtemps dans ma mémoire. Lors d’une résidence au bord de la Loire, elle est revenue ». Natalia Jaime Cortez a créé ces encres multicolores sur papier découpé suspendu tel un long fleuve qui traverse un paysage. Elle alerte également sur la qualité de l’eau dans une autre œuvre sur des papiers bruns et gris.
Jean-Arneau Filtness au musée de La Céramique
Les trois célèbres bustes de la collection du musée de La Céramique regardent ces Trois Fleuves rectilignes imaginaires de longueurs 45 000, 64 000 et 22 000 kilomètres de Jean-Arneau Filtness. C’est une sculpture composée de trois rectangles de verre et installée sur des miroirs formant un planisphère.
Céline Tuloup à la Maison des champs Pierre-Corneille
Céline Tuloup aborde le thème de l’exil dans deux œuvres présentées dans le jardin et le lavoir de la Maison des champs Pierre-Corneille. « C’est une relecture de la traversée du Styx ». L’artiste a recouvert d’un patchwork de tissus un bateau pneumatique rempli d’objets usuels comme une casquette, une chaussure, une peluche, un chapeau, un sac… « Ce sont des céramiques blanches qui leur donnent un statut à part. Comme un côté fantomatique ». Autant d’objets qui peuvent être un prix à payer à un passeur. Plus loin, deux silhouettes blanches dans un petit bateau à moteur apparaissent sur une toile noire pour raconter le drame des migrations. Dans le musée, Céline Tuloup détourne l’usage des bouées qui deviennent des supports à des bouquets de fleurs des champs.
Vincent Barré au musée Le-Secq-des-Tournelles
Vincent Barré ne fait pas partie de La Ronde. Néanmoins, son œuvre vaut un détour. Le sculpteur vient réparer les violences du passé. Deux anges encadrent l’entrée du musée Le-Secq-des-Tournelles. L’un deux a été amputé d’une aile lors de la Révolution française. Vincent Barré a ainsi créé cette grande pièce monumentale en métal, tel un tissage de ronces. L’Aile de l’ange est un signe de paix et rappelle, avec les épines, les souffrances.
Infos pratiques
- Musée industriel de la Corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville, tous les jours de 13h30 à 18 heures. Renseignements au 02 35 74 35 35 ou en ligne
- Musée Le-Secq-des-Tournelles à Rouen, tous les jours, sauf le mardi, de 14 heures à 18 heures. Renseignements au 02 35 88 42 92 ou en ligne
- Musée des Beaux-Arts à Rouen, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures. Renseignements au 02 35 71 28 40 ou en ligne
- Musée de La Céramique à Rouen, sauf le mardi, de 14 heures à 18 heures. Renseignements au 02 76 30 39 26 ou en ligne
- Maison des champs Pierre-Corneille à Petit-Couronne, du mercredi au samedi de 10 heures à 12h30 et de 14 heures à 17h30, le dimanche de 14 heures à 17h30. Renseignements au 02 76 30 32 80 ou en ligne
- Gratuit
- Aller au musée en transport en commun avec le réseau Astuce