C’est l’orage entre Prosper Aubertin, chapelier, et les trois femmes de son entourage, son épouse, Antoinette, sa fille, Marie-Anne, et la bonne, Félicie. Pour leur montrer son mécontent, il décide de les priver de vacances et de ne plus manger avec elles. Il a une autre idée : il part à la recherche d’une maîtresse en passant une petite annonce. Plusieurs réponses arriveront dont celles d’Antoinette, de Marie-Anne et de Félicie. Là, c’est la tempête dans la maison. Suivent une série de quiproquos. C’est l’histoire de l’opérette signée par Sacha Guitry, pour le texte, et Reynaldo Hahn, pour la musique. Une pièce présentée les 16 et 17 décembre au Théâtre des Arts à Rouen et jouée par l’orchestre de l’Opéra de Rouen-Normandie, dirigé par Marc Leroy-Calatayud. Émeline Bayart met en scène et tient de le rôle de Félicie, incarnée à la création par Arletty. Entretien.
Vous jouez le rôle de Félicie. Quel trait de caractère avez-vous voulu mettre en avant ?
Félicie est le rôle type de la bonne charmante et un tantinet insolente qui prend plaisir à titiller le maître de maison sans pour autant lui manquer de respect. Elle est espiègle et pleine d’humour, ce que je souligne dans l’interprétation du personnage. Je trouvais intéressant de « citer » Arletty en injectant dans le rôle de Félicie de la gouaille parisienne sans pour autant l’imiter.
Est-ce un rôle exigeant ?
Tous les rôles de théâtre sont exigeants si l’on veut bien travailler sur l’écriture dans lesquels ils sont inscrits. Félicie est un personnage de comédie qui peut se montrer touchant et attachant. La difficulté réside dans le fait qu’il ne faut surtout pas la ridiculiser. Elle est entière, amusante et très sincère. Elle est sans filtre et toujours authentique.
Comme l’épouse et la fille, est-ce que Félicie part en quête de liberté en répondant à l’annonce ?
Tout comme les deux autres protagonistes féminins, Félicie est lasse d’une existence qui ne la satisfait plus. Elle rêve d’un avenir meilleur, d’un peu plus de confort et d’aisance. Alors, oui, on peut dire qu’elle part en quête de liberté en répondant à l’annonce.
Est-ce que l’inconnu est un homme ou un changement de vie ?
L’inconnu est un homme qui, pour ces trois dames, est la clé du changement de vie.
Comment qualifiez-vous la langue de Guitry ?
La langue de Guitry mêle élégance et traits d’esprit. La difficulté pour les comédiens, ici pour les chanteurs, est de restituer l’humour et la poésie propres à Guitry, notamment dans les monologues savoureux et croustillants de Prosper. Ô Mon Bel Inconnu est indéniablement une pièce de théâtre ponctué par des airs. L’ardeur au travail, le désir de jouer la comédie et le grand professionnalisme des solistes ont permis de restituer très fidèlement l’humour, le charme et la verve de Guitry.
Y a-t-il autant de fantaisie dans la musique de Hahn ?
La musique de Hahn est magistrale de tendresse et de poésie et on y décèle un certain humour ! Le compositeur s’est complètement adapté au livret. On peut imaginer que Guitry et Hahn ont travaillé main dans la main.
Comment avez-vous abordé la mise en scène ?
Il était important pour moi d’écouter l’œuvre pour la sublimer et de ne surtout pas la dénaturer en y apposant des « idées » de mises en scène futiles et dénuées de sens. Aussi, la scénographie et les costumes d’Anne-Sophie Grac sont absolument fidèles aux années 1930. Nous rendons hommage au vaudeville en jouant avec les quiproquos et les portes qui claquent. Les chapeaux du magasin virevoltent au son des airs de Hahn. La direction d’acteur est soignée. Ainsi, l’humanité des personnages au coeur ardent explose tel un bouquet d’émotions colorées.
Infos pratiques
- Samedi 16 décembre à 18 heures, dimanche 17 décembre à 16 heures au Théâtre des Arts à Rouen
- Durée : 2h45
- Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
- Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr