Thierry Ardouin photographie l’origine du vivant

Les différentes graines peuvent susciter un étonnement, voire un émerveillement. Thierry Ardouin en a photographiées environ cinq cents. Plusieurs de ces Portraits de graines sont exposés jusqu’au 16 juin aux jardins de l’abbaye Saint-Georges à Saint-Martin-de-Boscherville.

Pour ces portraits, Thierry Ardouin a effectué un véritable casting. Il est vrai qu’elles sont très nombreuses, possèdent des formes et des couleurs parfois étranges, cachent des dessins drôles et mystérieux. Le photographe les a aussi choisies pour leur réaction à la lumière. Pendant une dizaine d’années, il a réalisé des Portraits de graines, titre d’un ouvrage et d’une exposition à voir jusqu’au 16 juin aux jardins de l’abbaye Saint-Georges à Saint-Martin-de-Boscherville.

De très près, les graines deviennent des créatures extraordinaires, des astéroïdes lointains, des minéraux rares… Pour les photographier, Thierry Ardouin a dû s’équiper d’appareils scientifiques. La difficulté : la mise au point, très délicate, pour chaque portrait. « Plus la graine est petite, plus la profondeur de champ est faible ». Au final, chaque image est d’une beauté étonnante.

Vers l’universel

Dans ce travail, il y a la volonté de révéler la beauté et la diversité de la nature. « J’ai toujours été sensible à la nature, confie Thierry Ardouin. Tout petit, j’allais au jardin, à la pêche et à la chasse avec mon grand-père. Quand j’ai commencé la photographie, je me suis intéressé aux paysages modifiés par l’homme, pas toujours de façon heureuse. Comme les zones commerciales, à l’entrée des villes, qui mangent les terres agricoles. Ce n‘est donc pas quelque chose de nouveau. Néanmoins, après ces Portraits, j’ai développé comme un TOC. Quand je me promène, je ramasse des graines et j’essaie de les faire germer. C’est une bonne façon d’aborder la nature et il y a de nombreuses histoires à raconter avec les graines ».

Une histoire, notamment, vue sous un angle politique. C’est ce qui amené le photographe à se pencher sur les graines. « J’ai déroulé tout un fil et découvert le catalogue officiel des espèces et variétés végétales. Pour 94 % d’entre elles, ce sont des hybrides. Il y a donc un enjeu économique puisqu’elles sont fabriquées en laboratoire par de très grandes entreprises. Il y a là une captation du vivant. À côté, il existe un circuit parallèle avec un réseau de semences paysannes à qui on a interdit le commerce et les échanges. Depuis, la règlementation a un peu évolué. Il existe ainsi les graines légitimes et les graines illégitimes. Je me suis demandé si elles étaient semblables ».

Avec ces Portraits de graines, Thierry Ardouin revient à une origine du vivant et porte un regard sur l’infiniment petit. « Nous sommes tous issus de petites graines. Après m’être intéressé au paysage, je suis allé vers sa naissance. La boucle est bouclée. Il y a une certaine logique. Je me suis décalé de tout ce que j’ai acquis jusqu’alors pour aller toucher l’universel et l’essentiel ».

photo : Thierry Ardouin

photo : Thierry Ardouin

Infos pratiques

  • Jusqu’au 16 juin, tous les jours de 9h30 à 18h30, aux jardins de l’abbaye Saint-Georges à Saint-Martin-de-Boscherville
  • Tarifs : 6 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires de minima sociaux et les personnes en situation de handicap accompagnée
  • Renseignements au 02 35 32 10 82 ou sur www.jardinsdelabbayesaintgeorges.fr