Dylan LeBlanc, héritier de l’americana

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Le 106 à Rouen offre pour cette rentrée culturelle une magnifique plongée dans le sud américain. Un voyage musical enchanteur à faire jeudi 12 septembre en compagnie de l’irréductible Dylan LeBlanc. 

La Louisiane et la France à jamais liées par l’histoire comme en témoignent le Quartier français de La Nouvelle Orléans, l’utilisation du français cadien, les noms des villes ou les patronymes des Louisiannais tels que Cordier, Menard, Pineaux ou encore LeBlanc. Comme Dylan LeBlanc, artiste aux multiples facettes, qui démarre sa tournée mondiale par l’Hexagone et ce concert au 106 à Rouen jeudi 12 septembre. L’auteur, compositeur, interprète, et dorénavant producteur depuis la sortie de son cinquième album, intitulé Coyote, débarque en Normandie, gonflé à bloc par les retours dithyrambiques sur cet opus en forme d’histoire conceptuelle un brin autobiographique. 

Dylan LeBlanc a écrit l’histoire mouvementée d’un personnage en fuite surnommé Coyote, rogue mais attachant, qui flirte constamment avec le bord du gouffre. Ce voyage trépidant l’emmène du sud états-unien vers le Mexique où il cotoie les cartels et trempe dans le trafic de droque. Chaque chanson raconte une étape de la vie de ce baroudeur imprévisible qui souhaite se racheter une conduite et reprendre une vie normale. D’un titre à l’autre, le personnage est emprisonné, s’évade, fuit, se remet en question, cherche un sens à sa vie minable et finalement trouve l’amour et la liberté. Au bout du tunnel, il voit la lumière immortalisée dans le single No Promises Broken, ode à l’espoir et la persévérance.

Avec cet album, Dylan LeBlanc décrit une sorte de parcours vers la rédemption qui fait écho à sa propre vie parce qu’il  a connu lui-même des phases compliquées : enfance misérable, mauvaises rencontres, drogue et cure de désintoxication, idées noires… Mais, tel son héros Coyote, Dylan ne s’avoue jamais vaincu comme ce jour mémorable où il s’est retrouvé lors de l’ascension d’un monticule face à un coyote, cette fois l’animal sauvage et libre. « Nous nous sommes regardés droit dans les yeux… » et j’ai dit à voix haute : « C’est toi ou moi, je vais te balancer du haut de cette falaise. Je ne vais pas tomber (…) Je ne l’ai jamais oublié… Il essayait juste de survivre et moi aussi. » Force de caractère et résilience prennent tout leur sens chez cet artiste à la voix aussi douce et mélancolique. 

Autoproclamé producteur artistique pour ce cinquième album parce qu’il n’avait pas le choix, Dylan LeBlanc s’est toutefois entouré de quelques piliers de studio parmi lesquels le batteur Fred Eltringham (Ringo Starr, Sheryl Crow), le pianiste Jim “Moose” Brown (Bob Seger), et le bassiste Seth Kaufman (Lana Del Rey). Pour bâtir son projet, le Sudiste pur jus s’est enfermé dans les studios Fame de Muscle Shoals en Alabama qui ont vu défiler Aretha Franklin, Clarence Carter, Wilson Picket, Lynyrd Skynyrd et tant d’autres avant lui.

Dylan connait ces légendaires studios sur le bout des doigts après y avoir passé de longues heures durant son enfance à attendre et regarder son papa, le guitariste James LeBlanc, enchainer les séances d’enregistrement pour de nombreux artistes de country music. C’est presque une seconde maison pour le petit gars de Louisianne et surtout l’endroit idéal pour sa quète d’un son pur et analogue à celui de ses idoles.

Coyote résume soixante ans d’histoire de la musique populaire américaine. Folk, blues, country, soul, rock… Dylan a parfaitement digéré son vaste patrimoine musical et l’album reflète cet héritage aussi intense qu’immense, tout en dégageant cette force invisible, quasi spirituelle, jusqu’à sa pochette qui représente un coyote blessé mais toujours vivant : « Le coyote est encore debout, même s’il est criblé de flèches, même s’il a été attaqué et blessé plusieurs fois. Il continue d’avancer malgré tout ce qui lui a été infligé. On ne peut jamais retirer complètement une flèche. On peut en casser une partie, mais la flèche est toujours là… il reste une cicatrice. Elle devient une partie de vous… de votre identité », lache-t-il sous la forme d’une analogie avec sa propre vie. 

À seulement 34 ans, Dylan LeBlanc paraît en avoir vécu trente de plus tant son parcours de vie est impétueux. L’homme rebondit toujours grâce à la musique, inhérente à son quotidien, qu’il magnifie avec délicatesse et passion sous la forme de chansons mid-tempo bouleversantes et évocatrices d’une Americana salvatrice. Les ombres de Neil Young, The Band, Bonnie « Prince » Billy, Ron Sexsmith, etc., rôdent sur l’horizon de ce magnifique Coyote qui s’affranchit toutefois de tout plagiat éventuel. La preuve sur scène au 106 ce jeudi 12 septembre.

Infos pratiques

  • Jeudi 12 septembre à 19h30 au 106 à Rouen
  • Première partie : Brian Lopez
  • Tarifs : 16,50 €, 10,50 €
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce