Lucie Prost dresse le portrait d’une campagne

photo : Yukunkun Productions

Dans Fario, Lucie Prost décortique les multiples sentiments d’un jeune ingénieur, confronté à un traumatisme tout en menant une enquête sur une éventuelle pollution de la rivière de son village natal. La réalisatrice présente ce premier long métrage vendredi 27 septembre à l’Omnia à Rouen lors de la Fête des cinémas normands.

Dans Fario, Lucie Prost dresse le portrait émouvant de Léo. L’ingénieur, installé à Berlin, multiplie les fêtes entre copains. Dans cette ville et lors de ces soirées, le jeune homme, joué par Finnegan Oldfield, tente d’effacer un épisode douloureux de sa vie. Le traumatisme va d’autant plus surgir à son retour dans son village natal pour vendre les terres agricoles de son père. Là, il découvrira une pollution de l’eau de la rivière causée par une entreprise d’extraction de métaux rares. « Les truites mutent », répète-t-il. L’enquête minutieuse qu’il mène l’aidera à cicatriser quelques blessures. Chaque résultat scientifique est une étape dans sa guérison.

Avant d’y parvenir, Léo traversera des moments de grande angoisse. Est-ce la raison qui explique la distance qu’il impose à sa mère, sa petite sœur, son cousin qui a repris la ferme familiale, et Camille, l’amie d’enfance et l’amour secret. « J’ai beaucoup travaillé là-dessus, remarque Lucie Prost. Léo est mal dans sa peau. Il est dans une fuite en avant. Quant il revient, il ne peut plus se cacher. Tout le passé le rattrape. Alors il change d’optique ». Il entame un combat seul alors que son père n’en a pas eu la force.

Dans ce premier long métrage, présenté avant sa sortie, le 23 octobre, lors de la Fête des cinémas normands, Lucie Prost a voulu davantage dépeindre « une ruralité contemporaine qu’une jeunesse. Je viens d’un département rural, le Jura. Pour moi, la nature est un refuge et permet de mettre les choses à leur juste place. Mes projets viennent toujours en premier d’un territoire ». Dans Fario, c’est la vallée de la Loue, la rivière, tant peinte par Courbet, qui a inspiré cette histoire. C’est aussi dans cet endroit que la cinéaste a tourné en juin et juillet 2023 — pour les scènes d’intérieur, elle est venue à Rouen. Or, cette nature si bucolique peut devenir inquiétante et fantastique.

La Fête des cinémas normands

La fête se déroule dans tous les cinémas en Normandie du 27 au 29 septembre. Pendant ces trois jours, toutes les séances sont à un même tarif, 5 € dans 67 salles ; la différence étant comblée par la Région Normandie, soit un montant de 60 000 €. Depuis la première édition avec 55 000 entrées en 2021, le succès de cette opération ne cesse de croître avec 60 000 en 2022 et 70 000 en 2023.

Cette fête arrive après « une année contrastée mais un bel été, souligne Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinéma français et de Normandie Images. Nous avons vécu le meilleur en été en terme de fréquentation depuis plus de dix ans avec le succès de deux films, Le Comte de Monte-Cristo, 8 millions d’entrées, et Un P’tit truc en plus, 10 millions d’entrées ».

L’événement normand propose également plusieurs avant-premières en présence parfois des cinéastes afin de mettre en avant des longs métrages dont les équipes ont été accueillies en Normandie ou qui ont été soutenus par Normandie Images. Comme Fario de Lucie Prost, La Vallée des fous de Xavier Beauvois, La Sirène à barbe de Nicolas Bellencombre et Arthur Delamotte, Viet and nam de Truong Minh Quy et Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach.