Johanne Humblet : “c’est un cheminement vers une révolte”

Photo : Kalimba

Elles évoluent sur un fil de fer, sur un filet et dans une roue giratoire. Ensemble, les trois Filles du renard pâle tentent de multiples possibles pour exprimer leur colère. C’est Révolte ou tentatives de l’échec, le titre d’un spectacle aérien, à l’ambiance électrique en forme de rébellion. Les acrobates n’ont pas peur de l’échec pour trouver un espoir et une joie. C’est à voir les 3 et 4 octobre au Volcan au Havre, puis du 10 au 12 janvier au cirque-théâtre à Elbeuf. Entretien avec la funambule et metteuse en scène, Johanne Humblet.

Vous parlez d’une révolte dans ce spectacle. Contre quoi vous révoltez-vous ?

Quand j’ai commencé à travailler sur ce spectacle, j’ai pensé à beaucoup de choses. J’avais écrit ce mot, révolte, en 2016, et il a résonné de manières différentes. C’est pour cette raison que j’ai ajouté dans le titre, Tentatives de l’échec. Je n’ai pas voulu nommer ce contre quoi nous nous rebellons afin que le public puisse projeter sa colère à travers la nôtre et s’emparer de l’énergie du spectacle. C’est un cheminement vers une révolte, vers un besoin d’agir.

Pourquoi faites-vous un lien avec l’échec ?

La première image que j’avais en pensant au mot, révolte, c’est une personne face à un mur. Un mur est un échec parce que l’on ne peut pas le détruire. Cela ne veut pas dire qu’il faille rester inactif. Au contraire, si on ne peut pas le faire tomber d’un seul coup, il est possible de le démonter pierre par pierre pour qu’il s’effondre un jour. 

Il faut donc garder espoir alors.

Oui, c’est important de garder un espoir lorsque l’on va au combat. Cependant, ce combat, il faut le mener de manière collective. Seul, on se sent toujours inefficace. Ensemble, on peut monter une coalition et multiplier les forces. Le combat se mène alors dans la joie et en osmose totale.

Est-ce que ce spectacle est aussi une métaphore du cirque ? Avant de réussir une performance, il faut surmonter de nombreux échecs.

Je mets en jeu les agrès, la technicité du cirque. Tout ce que nous montrons symbolise et raconte un cheminement. La prouesse technique est au service d’un propos. Même s’il n’y a pas de narration, il y a une histoire qui est racontée et perçue par l’énergie, les images et la musique. Nous avons toutes un parcours et un cheminement qui ne sont pas dans la même temporalité. Nous sommes à des endroits différents pour mener nos actions. Chacune a une influence dans ce cours des choses.

Aux acrobaties, vous ajoutez du texte. Pourquoi ?

Il y a en effet des chansons, écrites en anglais. C’est surtout la musique qui donne l’énergie. Et j’ai voulu qu’elle soit jouée en live. Ce n’est pas du tout la même chose quand une personne vous parle directement au piano et au violon. Cela donne un élan. La musique a été composé pendant l’écriture du spectacle. Il y a ainsi deux dramaturgies qui sont liées l’une à l’autre.

Infos pratiques

  • Jeudi 3 octobre à 20 heures, vendredi 4 octobre à 19 heures au Volcan au Havre. Tarifs : de 25 à 5 €. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Vendredi 10 janvier à 20h30, samedi 11 janvier à 18 heures, dimanche 12 janvier à 15 heures au cirque-théâtre à Elbeuf. Tarifs : 19 €, 14 €. Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com
  • Durée : 1 heure
  • Spectacle à partir de 8 ans