Portait tendre d’une jeunesse dans la campagne jurassienne

photo : Laurent Le Crabe

Lors de la soirée de lancement du TAF, un nouveau festival rouennais, Louise Courvoisier vient présenter Vingt Dieux avant sa sortie le 11 décembre 2024. La réalisatrice dresse dans ce film un portrait drôle et émouvant d’une jeunesse dans la campagne du Jura. C’est vendredi 11 octobre au cinéma Omnia à Rouen.

Totone a 18 ans. A priori il n’est pas très doué. Il préfère passer son temps à boire des bières avec ses copains et à draguer les filles aux bals du village. Un drame familial va bouleverser le cours de son existence dans la campagne du Jura. Il va devoir travailler pour gagner sa vie et s’occuper de sa petite sœur qui a 7 ans. Jour après jour, Totone va se confronter aux affres de la vie avant de se fixer un objectif : fabriquer le meilleur Comté de la région.

Louise Courvoisier est restée dans sa région natale pour tourner Vingt Dieux avec les habitants du Jura. « Je voulais provoquer une rencontre les spectateurs et les jeunes du milieu rural. Je sentais qu’il fallait cette authenticité, des comédiens proches des personnages pour raconter une vérité. Totone, Clément Faveau, travaille dans la volaille. Les autres sont dans le lait à Comté. J’ai eu envie de les amener vers le cinéma. Ce fut un énorme challenge mais j’ai adoré les diriger ». Le casting n’a pas été simple. Il a fallu convaincre. « Au tout début, tous m’ont dit non. Puis, je leur ai dit : tu en parles autour de toi, tu réfléchis. À force d’en parler, certains ont changé d’avis et sont venus aux auditions. On leur disait : c’est une expérience unique dans ta vie ».

Lumineux

Vingt Dieux, à voir en avant-première vendredi 11 octobre à Rouen deux mois avant sa sortie nationale, est une comédie pleine d’humour et de poésie, une chronique sensible d’un monde rural très vivant qui tente de surmonter ses blessures. « J’ai grandi avec des gens qui ressemblent aux personnages du film, qui côtoient une brutalité et une rugosité. Chez eux, il y a aussi beaucoup de naïveté et surtout plein de ressources. J’ai beaucoup d’affection pour toutes ces personnes ». Et cela se voit. Louise Courvoisier les filme en effet beaucoup de tendresse.

Dans Vingt Dieux, il y a une jeunesse qui galère et une autre qui travaille dur. Comme Marie-Lise, Maïwène Barthélémy. Elle le rappelle à Totone : lever à 5 heures du matin, travail jusqu’à 22 heures, pas de week-end et pas de vacances. « Cela raconte une réalité. L’actrice est une agricultrice. C’est pour elle un métier passion. Dans cette campagne, j’ai voulu montrer différentes trajectoires ».

Dans ce film, Louise Courvoisier adopte une esthétique singulière, « inspirée du western. Nous avons surtout travaillé avec la lumière naturelle, avec des optiques des années 1970 pour avoir un côté charnel ». Vingt Dieux est un film dramatique et lumineux avec des personnages à l’énergie communicative.

Un nouveau festival

TAF pour du travail à la fiction. Tel est le nom d’un nouveau festival normand imaginé par Olivier Broche, comédien, Claude Duty, cinéaste, connu comme « le pape du court métrage », Pascale Faure, productrice, et Jean-Bernard Emery, passionné de cinéma. Ce nouvel événement a pour « ambition d’interroger les représentations du travail dans la fiction », autant dans le cinéma que dans les séries. La première édition du TAF, qui a pour marraine, Yolande Moreau, et pour parrain, Cédric Klapisch, se déroulera en 2025. La projection de Vingt Dieux de Louise Courvoisier a lieu lors d’une soirée de lancement.

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