Dans Coup double, la galerie Duchamp à Yvetot présente le travail artistique d’Alexis Debeuf, sculpteur caennais. C’est une œuvre protéiforme, remplie d’objets détournés et empreinte d’humour. La Direction des doutes est à voir jusqu’au 20 décembre.
Les objets avec leurs fonctions, leurs usages, leur réponse à un besoin, éventuellement leur symbole… Tout cela, Alexis Debeuf connaît bien. L’artiste caennais a fait des études de commerce. Il n’a pas oublié tout ce qui lui a été enseigné en cours. Mais devenir force de vente, ce n’était pas vraiment son objectif. Depuis quinze ans, Alexis Debeuf s’interroge sur la nature des objets et leur place dans l’histoire de l’art. « J’ai jeté mon dévolu sur eux. Ils sont mon matériau pour créer ». Il le fait en les détournant pour prendre ainsi La Direction des doutes, titre de l’exposition présentée jusqu’au 20 décembre à la galerie Duchamp à Yvetot, le lieu idéal pour questionner les objets.
Alexis Debeuf porte une attention toute particulière aux objets du quotidien. « J’aime jouer avec ce qu’il y a autour de moi ». S’il a passé une période à récolter tout ce qu’il dénichait, il a ensuite « appris à faire du tri ». Le sculpteur bricoleur modifie les formes et les échelles, transforme, assemble pour inventer d’autres objets, le plus souvent inutiles, voire inutilisables, mais qui questionnent, amènent une poésie et une bonne dose d’humour.

Comme cette compilation des dépliants publicitaires. Durant l’année 2020, Alexis Debeuf a gardé tous les catalogues déposés sa boîte aux lettres et leur a offert un écrin précieux. Chaque reliure mensuelle est installée dans une bibliothèque qu’il a confectionnée et posée sur un chariot à roulettes. Les douze exemplaires racontent des cycles publicitaires avec les chocolats de Pâques, la rentrée scolaire, les jouets de Noël…
Alexis Debeuf décore la galerie de guirlandes de points multicolores (les quatre couleurs de l’imprimerie) et crée une ambiance pop. Il s’empare également des slogans commerciaux pour les transposer dans l’esthétique du mouvement de Mai 68 et les transformer en expressions contestataires. Il a repris les dessins imprimés sur les sachets en papier kraft pour les fruits et les légumes pour les peindre en grand format et en proposer des natures mortes.
Avec Routine, le sculpteur crée une roue géante faite de balais. « La poussière, c’est quelque chose qui revient tout le temps. J’ai souhaité projeter un mouvement, un geste que l’on connaît bien. Seulement, là, rien ne fonctionne ». Quant aux skates, ils ne peuvent pas rouler non plus. Alexis Debeuf leur donne une forme particulière, comme celle d’un serpent ou d’une boucle. Il y a aussi cette forêt de coupes remises après les compétitions, installées comme des totems. « Elles se veulent en matériaux nobles. Elles sont argentées. Elles brillent. Or elles sont en toc ». Enfin, Alexis Debeuf souhaite avec un brin d’ironie à la sortie de l’exposition un Welcome imprimé en grand sur un large paillasson.

Infos pratiques
- Jusqu’au 20 décembre, le mercredi de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du jeudi au dimanche de 14 heures à 18 heures, à la galerie Duchamp à Yvetot
- Entrée libre et gratuite
- Renseignements au 02 35 96 36 90 ou sur www.galerie-duchamp.org