Le blues émancipé de Stephen Hull

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Pour célébrer son 54e automne, le Chicago Blues Festival mise sur la nouveauté, sur la jeunesse, sur les héritiers du blues… Une évolution notable puisque la programmation habituellement proposée met très souvent l’accent sur les anciens, sur un blues urbain axé sur la tradition et la fidélité au genre. L’année 2024 apporte de l’innovation, du sang neuf. Et c’est comme toujours La Traverse à Cléon, temple du blues en Normandie, qui accueille samedi 9 novembre l’événement sur fond bleu.  

Après une sélection artistique issue du Mississippi la saison dernière, le fameux festival de blues retrouve sa ville natale de Chicago pour présenter un échantillon de ses jeunes pousses, futurs grands de demain. La tête d’affiche revient cette fois au guitariste et chanteur Stephen Hull, artiste de 25 ans qui connaît une ascension fulgurante dans la blues family. Le rookie manie la six cordes avec une aisance folle, avec la folie d’un Albert King et le talent d’un BB King qu’il revendique haut et fort comme influences, et même, par moments, avec la liberté d’un Stevie Ray Vaughan. La triple référence est séduisante voire présomptueuse mais méritée tant le musicien aborde le blues de manière affranchie. 

Fin connaisseur du genre, Bruce Iglauer, patron du label mythique et spécialisé Alligator Records, l’a d’ailleurs signé récemment pour enregistrer et sortir son premier album à paraître prochainement. Le prodige a pourtant démarré dans la musique tardivement et de manière autodidacte vers l’âge de 14 ans dans le Wisconsin voisin. Le blues, bien sûr, lui offre ses premières sensations mais Stephen Hull ne se limite pas à son genre musical de prédilection. Il s’octroie de nombreuses escapades guitaristiques dans le funk, dans le jazz et même dans le rock en s’appropriant occasionnellement quelques standards de Jimi Hendrix. Sur scène, le bluesman est entouré de deux pointures, le bassiste Cresenciano Cruz et le puissant batteur Victor Reid, pour un set certainement encore plus explosif que celui déjà effectué à la Traverse en novembre 2022, lors du concert de la New Blues Generation. On en parle encore du côté de Cléon ! 

Une voix et un guitariste

Le plateau de cette 54e édition du quinquagénaire festival propose deux autres artistes de Chicago, la chanteuse et batteuse, Sheryl Youngblood, et l’autre guitariste et chanteur de la soirée, Dave Herrero. Après avoir écumé les clubs de « Windy City », surnom de la plus grande ville de l’Illinois, Sheryl Youngblood s’est offert une solide réputation sur scène. Son expérience passée au sein du réputé ensemble de gospel the Tommies lui a donné quelques arguments vocaux à faire valoir sur toutes les scènes du monde.

Le dernier pilier de la soirée, Dave Herrero, a grandi dans la région de Tampa Bay mais migre rapidement dans la cité du blues électrique pour côtoyer les plus grands. Un pari osé puisque le jeune homme est à peine majeur à cette époque. Les débuts sont difficiles mais Dave ne renonce pas. Il progresse rapidement. Ses apparitions ne manquent pas de panache et bientôt le milieu se précipite pour voir ce guitariste/chanteur hors pair électrifier les salles du nord-est des États-Unis. Plusieurs années plus tard, Dave Herrero est aussi devenu producteur, notamment pour Jimmy Burns, et poursuit aujourd’hui une carrière professionnelle sans faute, en solo ou avec son groupe The Hero Brothers Band. Enfin, The Barnguys, groupe originaire de la région caennaise, se joint aux Américains pour une soirée totalement bluesy. 

 

Infos pratiques

  • Samedi 9 novembre à 20h30 à La Traverse à Cléon
  • Première partie : The Barnguys
  • Tarifs : 25 €, 19 €
  • Réservation au 02 35 81 25 25 ou sur www.latraverse.org
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce