Nora, personnage féminin réduit au rôle d’épouse et de mère, est une marionnette dans Une Maison de poupée. Jusqu’à ce qu’elle revendique une liberté. Yngvild Aspeli de la compagnie Plexus polaire utilise justement son art marionnettique dans cette pièce présentée le 12 novembre à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan avec le CDN de Normandie-Rouen, le 15 novembre au Cadran à Évreux avec Le Tangram et les 20 et 21 novembre au théâtre Jean-Vilar à Ifs avec Le Sablier.
« Je me suis battue avec La Maison de poupée ». En choisissant la pièce de théâtre d’Ibsen, écrite en 1879, Yngvild Aspeli n’a pas eu d’autres choix que de modifier son approche du texte. « Ce n’était pas évident. Quand on travaille sur une nouvelle ou un roman, l’adaptation est différente. Dans une pièce de théâtre, tout est dit et tout est important. Le travail est autre. Comme j’ai l’habitude de travailler avec intuition, je développe une pièce sur le plateau avec la scénographie, la musique, les lumières… Tous les éléments sont actifs dans la création ».
Yngvild Aspeli n’avait jusqu’alors jamais osé se confronter aux écrits de Henrick Ibsen. « C’est un monument en Norvège ». Il a fallu à la metteuse en scène, marionnettiste et fondatrice de la compagnie Plexus polaire faire quelques détours pour « se muscler ». Impossible de « s’approcher de lui. Je me demandais comment faire avec la marionnette et si elle pouvait tenir le drame et entrer au cœur du théâtre. Ce travail m’a permis d’aller plus loin dans mes recherches sur la marionnette parce qu’elle doit toujours être là par nécessité dramaturgique ».
Comme une évidence
Pourtant, il y a presque une évidence. Dans La Maison de poupée, Nora est une femme au foyer et mère de trois enfants, prise dans un étau entre les injonctions d’une société patriarcale et les attentes de son mari, un directeur de banque. Un jour, elle prend une initiative : contracter un emprunt pour que Torvald, son époux, puisse aller se soigner en Italie. Or cette grosse somme d’argent, Nora l’a demandée à Krogstad, un salarié que son mari menace de licencier, et non à son père. Comme elle l’avait annoncé. Krogstad se sert alors de cet emprunt pour faire pression auprès de Nora qui prend conscience de la vacuité de sa vie. Elle décide de divorcer pour ne plus être cette poupée.
Yngvild Aspeli a mis en scène La Maison de poupée d’Ibsen, jouée mardi 12 novembre à Mont-Saint-Aignan, le 15 novembre à Évreux, les 20 et 21 novembre à Ifs. Elle joue également dans un huis clos le rôle de Nora, « une femme qui n’est pas une victime parce qu’elle est responsable de sa vie. Même si les choses sont injustes, elle peut tout changer. J’ai voulu sortir du manichéisme. Nous ne sommes jamais ou une victime ou un bourreau. Nous sommes bien plus complexes. Et c’est ce qui nous rend humains. Nora ment et joue aussi avec les gens qui sont autour d’elle ».
Dans cette création, Yngvild Aspeli dévoile la personnalité complexe de Nora qui tente de s’échapper d’un passé pour vivre un présent, de ses mensonges, d’une relation qui l’emprisonne. La Maison de poupée est un chemin vers une émancipation traversée par de multiples questionnements.
Infos pratiques
- Mardi 12 novembre à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 20 €, 15 €. Réservation au 02 35 70 22 82 ou à billetterie@cdn-normandie.fr
- Vendredi 15 novembre à 20 heures au Cadran à Évreux. Tarifs : de 25 à 10 €. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
- Mercredi 20 et jeudi 21 novembre à 19h30 au théâtre Jean-Vilar à Ifs. Tarifs : de 16 à 3 €. Réservation au 02 31 82 69 69 ou en ligne
- Durée : 1h20
- Spectacle en anglais, surtitré en français, à partir de 14 ans