Hussam Hindi : « l’humour britannique a un côté cathartique »

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Il est décalé, ironique, absurde… L’humour britannique a ce côté piquant et inattendu qui fait toute sa singularité. Les Anglais ont cette grande qualité à trouver un côté comique à toute situation tragique. Le cinéma reflète à merveille cet état d’esprit. Enseignant à l’Université de Rennes, ancien directeur artistique de festivals, Hussam Hindi évoque ce lundi 18 novembre à l’Omnia à Rouen l’humour britannique au cinéma pendant le festival This is England. Une conférence qui sera ponctuée d’extraits de films. Entretien.

Comment définissez-vous l’humour britannique ?

Je pense que chaque pays a son humour. L’humour britannique est assez riche. Deux caractéristiques le différencient : l’absurde et le social. Il faut ajouter à cela les jeux de mots et le flegme. Un Anglais qui voit sa maison brûler peut juste réagir par un Oh Dear !. Ce qui n’est pas vraiment une réaction en fait. Dans son film, Ridicule, Patrice Leconte faisait dire que les Britanniques ont inventé l’humour. D’ailleurs humour vient du mot humor.

Les Britanniques aiment faire des pirouettes pour rire de l’absurdité de la condition humaine.

Oui et c’est quelque chose d’efficace parce qu’il y a aussi la surprise. Le but est de dédramatiser toute situation, d’exorciser les peurs, les moments difficiles. L’humour britannique a un côté cathartique. Woody Allen, qui n’est pas anglais mais américain, a bien compris cela.

Qui sont les représentants de l’humour britannique ?

Il y a bien sûr Charlie Chaplin qui joue le vagabond, le voleur, le tricheur. Mais c’est pour la bonne cause. Son personnage vit des moments très tristes mais suscite le rire. Plus tard sont arrivés les Monty Python. Ils ont été les initiateurs d’une grande vague d’humour. Les studios Ealing ont réalisé de nombreuses comédies comme L’Homme au complet blanc, De L’or en barre ou encore Whisky à gogo. Il y a aussi de l’humour dans les comédies romantiques. Hugh Grant a apporté un côté glamour. Il faut ajouter Mr Bean. Dans les années 1980, le marasme économique et social a inspiré de nombreux scénarios. Le cinéma règle ses comptes avec Thatcher. Les politiques anglais aussi ont beaucoup d’humour. Celui de Churchill était très acide. La reine Elizabeth apparaît aux côtés de James Bond et — on sait que ce n’est pas elle — saute en parachute lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres. Pour son jubilé, elle prend le thé avec l’ours Paddington dans un film d’animation. Dans sa façon de s’habiller avec les couleurs et les chapeaux, il y a également de l’humour.

L’humour est très présent dans la littérature, notamment dans les pièces de Shakespeare.

J’ai moins travaillé sur la littérature. Bien évidemment, tout vient de là, de cette façon de regarder le monde.

Est-ce difficile de traduire l’humour britannique ?

Oui, l’humour britannique est intraduisible. Comme on le disait tout à l’heure, nous ne rions pas des mêmes choses. Donc, ce n’est aisé de trouver les bons mots. C’est aussi valable en France. Bienvenue chez les Ch’tis a fait un carton en France. Il était impossible à traduire. C’est encore valable dans un même pays. Entre Dany Boon et Marcel Pagnol, il y a une grande différence.

Est-ce que tous les Britanniques ont beaucoup d’humour ?

Oui et il y a une phrase qui l’atteste : entre deux gorgées de thé, il y a toujours le mot, Fuck, qui revient.

Quel est le film qui vous fait le plus rire ?

Il y a tout d’abord The Full Monty avec cette bande de Pieds nickelés qui fait des choses exceptionnelles même si la vie est dure. J’aime beaucoup Good Morning England. C’est un film magnifique. Ce bateau pirate va réveiller l’Angleterre et les consciences en faisant chanter les gens et en attaquant l’autorité. C’est un film total avec de l’action, de l’humour et de l’émotion.

Infos pratiques

  • Lundi 18 novembre à 18 heures au cinéma Omnia à Rouen
  • Entrée gratuite
  • Aller au cinéma en transport en commun avec le réseau Astuce