“White Dog” dans un astucieux théâtre de papier

Photo : Vincent Muteau

Dans White Dog, Romain Gary écrit sur un épisode de sa vie avec Jean Seberg après l’adoption d’un chien blanc et dans une Amérique fracturée. Les Anges au plafond adaptent ce roman dans un ingénieux théâtre de marionnettes et de papier qu’il faut aller voir jusqu’au 4 décembre au théâtre des Deux-Rives à Rouen.

Depuis la création en 2017, Les Anges au plafond reprennent régulièrement White Dog. Revenir à White Dog, comme à R.A.G.E., c’est plonger à nouveau dans l’écriture de Romain Gary. Une nécessité pour Camille Trouvé et Brice Berthoud, directrice et directeur du CDN de Normandie-Rouen. « Il y a une profondeur dans sa réflexion. Romain Gary est un humaniste blessé. Il a un enthousiasme et un optimisme blessés par le réel », indique Camille Trouvé. Porter à la scène Chien blanc a été une évidence pour le duo après R.A.G.E.. « Cette pièce est née après un effroi, les attentats au Bataclan. Nous sommes dans une société qui part en éclats et dont les habitants n’arrivent plus à vivre ensemble et panser ses blessures. Tout cela fait obstacle à la fraternité et la sororité ».

White Dog est une adaptation du livre de Romain Gary, Chien blanc. La reprendre jusqu’au 3 décembre au théâtre des Deux-Rives à Rouen, quelques jours après l’élection de Trump à la présidence des États-Unis, résonne étrangement. L’écrivain français raconte la bêtise humaine. Aux États-Unis, à la fin des années 1960, Romain Gary et Jean Seberg recueillent un chien blanc un soir d’orage. Baptisé Batka, le bel animal se montre affectueux et docile jusqu’à ce que le réparateur de télé, un homme noir, entre dans le salon du couple. Il se transforme en une bête féroce. Romain Gary s’interroge sur le comportement raciste du chien tout en regardant un pays fracturé et en partageant l’intimité de son couple. Ce qui déplaît fortement à son épouse.

Miroir d’une société

L’auteur, qui croit aux bienfaits d’une rééducation de l’animal, fait de son chien le miroir d’une société américaine à un moment où les personnes noires luttent pour leurs droits. Les Anges au plafond ont imaginé un théâtre de papier et de marionnettes, aussi beau qu’intelligent. Tout s’écrit sur cette page blanche géante, un plateau tournant à voir comme un album pop-up ou un écran avec des jeux d’ombre et de lumières et des projections d’images d’archives.

C’est là que se noue un lien intime entre les marionnettes et les marionnettistes remarquablement manipulées par Brice Berthoud, Tadié Tuéné  et Jonas Coutancier. Leur Romain Gary a une certaine assurance, leur Jean Seberg, une folle élégance et une détermination à soutenir les combats. Quant au chien, il a un regard expressif changeant et un corps qui se transforme selon ses humeurs. Comme dans tous les spectacles des Anges au plafond, la musique est intégrée à la narration. La batterie d’Arnaud Biscay souligne l’urgence des situations et les tensions au sein d’une société.

Infos pratiques

  • Mardi 26 novembre à 20 heures, mercredi 27 novembre à 19 heures, jeudi 28 et vendredi 29 novembre à 20 heures, samedi 30 novembre à 18 heures, lundi 2 et mardi 3 décembre à 20 heures, mercredi 4 décembre à 19 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen
  • Tarifs : de 15 à 1 €
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Durée : 1h30
  • À partir de 12 ans
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce