Dear Maggie

The Miracle Club de Thaddeus O’Sullivan

Vous permettez que je vous appelle Maggie… ?

Le festival This is England vous a rendu un bel hommage ce samedi 23 novembre à Rouen en projetant en avant-première votre dernier film, The Miracle Club de Thaddeus O’Sullivan (sortie nationale le 24 janvier 2025), un long-métrage tourné en Irlande. Comme le nom de son réalisateur l’indique. La salle du Kinepolis était comble pour l’occasion et votre absence fut d’autant plus remarquée. Il faut dire, Maggie, que vous avez eu l’impardonnable indélicatesse de nous quitter il y a tout juste deux mois. Les applaudissements furent néanmoins nourris et l’on imagine le chagrin de vos partenaires dans le film : Laura Linney et Kathy Bates.

Il est fâcheux que vous n’ayez pas été là, disais-je, aussi parce que vous avez manqué la cérémonie de remise des prix de la 13e édition du festival du court-métrage britannique. Vous auriez été rassurée par le dynamisme de la production cinématographique au pays de Sa Gracieuse Majesté. Le palmarès aura démontré si besoin que les réalisateurs sont très à l’écoute des bruits du monde ; à l’image de Keep, de Lewis Rose, qui traite à sa manière le sujet des migrants — et qui repart avec 2 prix — et Delivery, de Ben Lankester, qui nous fait vivre une nuit de Noël dans une maternité. Pour nous tenir sur le fil du rasoir, Delivery remporte le prix du meilleur film de fiction ainsi que le prix du public.

L’irrésistible Crab Day, de Ross Stringer, reçoit quant à lui le prix du meilleur film d’animation. Ou comment faire une histoire merveilleuse avec quelques figures géométriques. Les lycéens qui furent nombreux à assister aux séances donneront une mention à Sister Wives, de Louisa Connolly-Burnham et le jury saluera le documentaire de Christian Cargill, Recomposing Earth. Elly Condron, qui signe Push, est récompensée par le prix d’interprétation.

Il aurait néanmoins fallu, chère Maggie, venir aux séances du soir pour découvrir quelques comédies so British au bon goût de bonbons poivrés. Et tout simplement hilarantes. On aura pu ainsi apprendre comment rompre dans un How To Break Up d’Adam Grant, jubilatoire, découvrir une pathologie rare, celle de l’attirance totalement inconsidérée d’un homme pour les chaises dans Chairs, de James Hughes, ou encore de suivre l’improbable tuerie programmée dans Office Royale de Sam Baron…

Les spectateurs qui auront suivi la séance du vendredi n’oublieront pas la sortie de prison de celui qui s’est fait passer pour un tueur en série, The Nun Slayer, de Ben Bovington-Key et une rencontre pas si fortuite en forêt, dans Not Surgery Hours de Tia Salisbury que les spectateurs qui n’ont pas retenu le titre se rappelleront comme : « celui avec le doigt ». Chacun ses moyens mnémotechniques… Les occasions d’être ému auront été bien plus nombreuses… par les animateurs d’un club de ping pong associatif à Brighton dans The Influence Of Ping Pong Is Big, par Caleb Yule, ou par un trisomique qui fuit son environnement familial violent par le western dans Dusty Do Good, par Jack Hughes.

En passant, à partir du 1er janvier, il aurait fallu, chère Maggie, aller au cinéma voir Bird, le long-métrage qui a ouvert le festival. Encore une belle moisson, donc, pour le Rouen Norwich club qui a su imposer année après année un festival qui compte ; et surtout qui passionne des milliers de spectateurs dans toute la Normandie et au-delà…

Farewell, dear Maggie…

Hervé Debruyne